LA QUESTION DE L'IMAMAT
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Lorsque nous nous rapportons à l'Histoire, la constatation que l'on peut faire, est que la tribu de Qoraych ne nourrissait pas les meilleurs sentiments envers les Banou Hâchim. Et cela pouvait se constater du vivant même du Prophète, où certains Qoraychites n'hésitaient pas à calomnier des membres du clan des Banou Hâchim, blessant ainsi les sentiments de l'Envoyé de Dieu.96 Ils ne pouvaient pas se faire à l'idée que la succession du Prophète puisse demeurer à jamais dans son clan.97 Dans son Târikh, al-Ya'qûbi rapporte une discussion qui a eu lieu entre Ibn Abbâs et Omar ibn al-Khattâb. Ce dernier a affirmé: "J'en jure par Dieu que ton cousin Ali ibn Abi Tâleb est bien l'homme le mieux placé, le plus compétent, pour succéder au Prophète, mais, a-t-il ajouté, les gens de Qoraych ne le voudraient pas car ils ne supporteront pas les rigueurs qu'il leur imposera en tant que leur chef, et ils violeront sans tarder leur serment d'allégeance."98
Ibn al-Athîr rapporte le même fait dans son ouvrage al-Kâmil.99 Le Prophète avait prédit les actes de Qoraych envers sa Maison: "Les Gens de ma Maison subiront après moi un malheur, un ostracisme, et un abandon."100
Et, non sans amertume, il avait dit à Ali: "Certains éprouvent envers toi une grande haine qu'ils ne te révèleront qu'après ma mort."101 Ali lui-même déclare dans le Nahdj al-balâgha: "Mon Dieu, je Te demande d'être l'ennemi des Qoraychites et de ceux qui leur viennent en aide. Ils ont boycotté les miens, et... se sont rassemblés pour me contester un droit auquel j'étais le plus digne de prétendre... Je n'ai plus que la patience." Dans le livre Yanâbi'al-Mawadda, est rapportée cette autre parole de Ali: "Tout le ressentiment que nourrissait Qorayche envers le Prophète, elle le nourrit aujourd'hui contre moi; et elle le montrera à l'égard de mes enfants..."102
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Lors de la querelle qui opposa les Qoraychites et les Ansârs au sujet de la succession, les Qoraychites ont défendu leur position avec cet argument qu'ils sont du même arbre généalogique que le Prophète de Dieu. Apprenant cela, Ali le commenta ainsi: "Ils se sont appuyés sur l'arbre, mais ils ont perdu de vue le fruit"103
Dans le Nahdj al-Balâgha, Ali a défendu avec une grande éloquence sa position, en rappelant qu'il fut pris en charge par le Prophète dès sa tendre enfance. Il reçut du Prophète, toute l'attention et les soins d'un père. "Je le suivais comme suit sa mère un jeune chameau. Il m'incitait à le prendre pour exemple, m'enseignant la sagesse. Et quand il s'isolait à Hîra, chaque année, j'étais le seul à pouvoir le rencontrer. En ce temps-là il n'y avait dans le foyer de l'Islam que l'Envoyé de Dieu, son épouse Khadidja, et moi-même le troisième. Je vivais dans la lumière de la Révélation, et le baume de la Prophètie..."104
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CHAPITRE 10
Réponse à une objection
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