LA QUESTION DE L'IMAMAT



Cette tradition est aussi rapportée de l'imam Sâdeq:
"Les écrits étaient tous en possession de Ali. Quand il se rendit en Irak, il les a confiés à Umm salama. Après sa mort, ils ont été remis à Hassan. Puis, après lui, à Hussein. Puis à Ali ibn Hussein, puis à mon père." 176
L'imam al-Bâqer a dit à Jâbir:
"Si nous donnions aux hommes, des réponses à leurs questions en matière religieuse, en nous appuyant sur notre opinion et comme bon nous semble, nous serions dans la perdition. Or, nous répondons à leurs questions en nous appuyant sur les traditions du Prophète, et sur des recueils de science que nous héritons de père en fils, et que nous protégeons comme tous ces gens qui cachent leur or et leur argent"177

Al-Qandûzi, auteur sunnite, rapporte une tradition extraite du livre al-Manâqib d'ibn al-Maghâzilî, que Yahyâ ibn Umm al-Tawîl a rapporté avoir entendu Ali dire:
"Avant même qu'il soit mis par écrit, je savais, pour tout verset, en quelle circonstance et à propos de qui, il a été révélé. J'ai dans mon coeur une science immense; interrogez-moi avant que vous ne me perdiez."

L'imam Ali a dit aussi:
"Quand j'étais absent au moment de la descente d'un verset, le Prophète m'enseignait ce qu'il venait de recevoir de versets coraniques dès que je le rejoignais, en me disant:
"Ô Ali, Dieu m'a révélé tel et tel verset pendant ton absence.
Son interprétation est ceci ou cela. Et il m'apprenait son sens intérieur et son sens extérieur."178

On rapporte aussi la parole que Ali adressa à Komeyl ibn Ziyâd:
"Il y a ici (désignant sa poitrine) une science abondante! Si je pouvais trouver des hommes pour la porter! Mais je ne trouve que des hommes qui n'inspirent pas confiance, qui se servent de la religion comme d'un moyen pour gagner ce monde-ci..."
On lui prête aussi ces propos:
"L'Envoyé de Dieu m'a enseigné mille portes de la science; chaque porte m'ouvrant à son tour sur mille autres portes."179
Il est évident que l'enseignement dont il est ici question n'est pas du tout du même genre de pédagogie que l'on applique communément dans les écoles. C'est un enseignement initiatique mettant en oeuvre la dignité de guide intérieur inhérente au Prophète de l'islam, et qui lui permet d'inculquer par un acte miraculeux une science que des milliers d'années de travail studieux ne pourraient acquérir.

Salîm ibn Qays al-Hîlalî al-Amîrî a rapporté que Ali disait souvent:
"Tous les compagnons qui interrogeaient le Prophète ne comprenaient pas ses réponses. Il y en avait qui interrogeaient, mais qui ne comprenaient pas la réponse, et d'autres qui ne posaient jamais de questions et qui attendaient qu'un étranger vienne pour interroger le Prophète, pour qu'ils écou tent eux aussi la réponse.
Or, j'avais avec le Prophète une rencontre privée de jour et une autre de nuit, ou je le suivais dans tous ses actes. Les compagnons de l'Envoyé de Dieu savent qu'il ne fit cela qu'avec moi. Le plus souvent, mes rencontres avec le Prophète se faisaient chez moi. Quand il m'arrivait d'être chez lui, il demandait à son épouse de nous laisser seuls, de sorte que j'étais seul avec lui. Mais quand il venait chez moi, Fâtima (mon épouse) et mes enfants restaient avec nous.
Il me répondait quand je l'interrogeais. Quand je me taisais, et que je n'avais plus de questions, il prenait l'initiative d'ouvrir pour moi un autre sujet.

Il n'est aucun verset qu'il ne m'ait inculqué, qu'il ne m'ait dicté et que je n'aie écrit de ma main, et dont il ne m'ait enseigné l'interprétation, ainsi que le verset qui l'abroge ou celui qui est abrogé. Il m'a appris l'interprétation et l'exégèse de tous les versets, m'indiquant ceux qui sont fermes et ceux qui sont ambigus, les particuliers et les généraux. Il a prié Dieu de m'accorder la compréhension et la mémorisation. Je n'ai oublié aucun verset du Livre de Dieu, ni aucune science que j'aie écrite sous sa dictée, depuis qu'il a fait cette prière en ma faveur.
Il n'a omis aucune des choses que Dieu lui a enseignées, en matière de licite et d'illicite, de commandements et d'interdits, de ce qui fut ou de ce qui sera, ou de tout livre révélé à des prophètes avant lui, et comportant des prescriptions relatives à l'obéissance ou à la désobéissance à Dieu. Je n'ai pas oublié une seule lettre.

Il posa sa main sur ma poitrine, en priant Dieu de remplir mon coeur de science, d'intelligence, de sagesse et de lumière.
Je dis alors:
"Ô Prophète de Dieu, par mon père et ma mère, depuis que tu as fait cette prière, je n'ai pas oublié une seule chose, je n'ai oublié rien de ce que je n'ai pas mis par écrit Crains-tu que plus tard j'en vienne à perdre la mémoire?"
Il me répondit:
"Non, je ne crains pas pour toi l'oubli et l'ignorance."180
Evidemment c'est d'un homme doué de ces qualités que le Prophète de l'islam a dit:
"Je suis la Cité de la Science, et Ali en est la porte.
Quiconque veut entrer dans la Cité de la Sagesse, qu'il y entre par sa porte."181
Les compilateurs ont rapporté aussi d'autres versions de cette tradition.182

* * *

Pour assurer à la communauté musulmane une source de connaissances sûre et intarissable, le Prophète s'est attaché à confier toute sa science à un homme capable de la recevoir, puis de la mettre à la disposition des croyants, dans l'état ou il l'a reçue.

Al- Qandûzi rapporte aussi dans son livre Yanâbi 'al-Mawadda, la parole de ibn Abbas qui a entendu l'Envoyé de Dieu dire:
"Quand je suis allé à la rencontre de mon Seigneur, Il m'a parlé et m'a fait des révélations. Je n'ai rien appris que je n'aie enseigné à Ali, car il est la porte de ma science."183
La même source ajoute que l'imam Hossein a dit:
"Les compagnons du Prophète l'ont questionné quand fut descendu le verset 12 de la sourate Yâsîn:
"Toute chose, est par Nous, dénombrée dans un archétype explicite."



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