LA QUESTION DE L'IMAMAT
Dans les sciences religieuses, considérons le fiqh (le droit musulman). Ali en est le fondateur et le pilier. Tout juriste de l'islam lui est redevable et a tiré profit de sa science juridique. Les partisans d'Abou Hanifa, comme Abou Youssef, Muhammad et les autres, ont reçu leur science d'Abou Hanifa lui-même. Quant à Chà fi'i, il étudia auprès de Muhammad ibn al-Hassan, et sa doctrine remonte aussi à Abou Hanifa. Ahmad ibn Hanbal lui même, étudia auprès de Châfi'i, et son savoir remonte donc aussi à Abou Hanifa.
Abou Hanifa étudia auprès de Ja'ffar ibn Muhammad, lequel eut son père pour maître, la chaîne de transmission remontant jusqu'à Ali Ibn Abi Tâleb. Quant à Malek ibn Anas, il étudia auprès de Rabia' al-Ray et Rabi'a eut pour maître 'Ikrima, celui-ci fut le disciple de Abdullah ibn al-Abbas, lui même disciple et compagnon de Ali Ibn Abi Tâleb. On peut aussi emprunter une autre voie de transmission du savoir, pour lui rattacher l'école Châfi'ite, puisque Châfi'i fut aussi le disciple de Malek ibn Anas. Cela, en ce qui concerne les quatre fondateurs des écoles sunnites. Quant au droit chiite, il est manifeste qu'il procède de Ali.
De même, Omar ibn al-Khattâb et Abdallah ibn Abbas qui étaient les juristes parmi les compagnons du Prophète, ils sont tous les deux redevables à Ali. Quant à Ibn al-Abbas, c'est une chose connue. Quant à Omar, chacun sait qu'il se référa plusieurs fois à Ali, à propos de questions juridiques complexes que ni lui-même ni les autres compagnons n'arrivaient pas à dénouer. En plusieurs occasions, comme nous l'avons déjà cité, il avait marqué son besoin de la présence de Ali à ses côtés; et il avait carrément ordonné aux responsables de son temps, de consulter Ali dans les problèmes sérieux: "Que personne d'entre vous n'émette de sentence juridique dans cette assemblée, quand Ali y est présent" C'est là un autre exemple de la position qu'occupe Ali en tant que le plus grand maître du droit musulman.
Les traditions sunnites et chiites rapportent la parole du Prophète: "Le plus versé d'entre vous en matière de justice est Ali". Or la justice (qadhâ) est le droit (fiqhâ). De même, tous rapportent que le Prophète a dit au moment d'envoyer Ali comme juge au Yémen: "Mon Dieu, guide son coeur, et soutiens sa langue!"
Et Ali a déclaré: "Depuis que le Prophète fit pour moi cette prière, je n'eus plus jamais de doute, dans aucun jugement entre deux parties." Dans la science de l'exégèse coranique, tous les docteurs musulmans lui sont redevables. Cela ressort manifestement d'un examen de tous les commentaires-mères. Ali est la principale autorité en la matière; et le nom de Abdallah ibn Abbas dont les occurences sont les plus fréquentes en matière de commentaire du Coran ne fait que confirmer cela puisque Ibn Abbas fut lui-même un disciple de Ali.
On demanda un jour à Ibn al-Abbas d'estimer l'étendue de sa science par comparaison avec celle de son cousin (l'imam Ali), il répondit: "Une goutte par rapport à l'Océan!". Quant à la science de la grammaire arabe, il va sans dire qu'il en fut le fondateur. Il en dicta les fondements et les règles à Abou al-Aswad al-Du'âlî. Il fut le premier à distinguer dans la langue les trois composantes: le nom, le verbe, et la préposition (harf), ce dernier mot désignant en arabe un champ plus large. Il divisa les mots en définis (ma'rifa) et indéfinis (nakera).
Aussi, il enseigna les cas de déclinaison qui interviennent dans la langue, et qui sont au nombre de quatre. Il est évident que tout cela peut être considéré comme un véritable miracle, car un homme ne peut à lui seul avoir une capacité créatrice dans autant de domaines."126
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CHAPITRE 15
Qui interprète les prescriptions divines?
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