LA QUESTION DE L'IMAMAT



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Il est prouvé que dans le rêve, l'homme est capable d'entrer en contact avec un monde autre, et d'en acquérir certaines informations.
Il n'est pas interdit de penser que ses capacités intuitives lui permettent d'exercer ce pouvoir à l'état de veille. C'est une porte sur l'invisible que Dieu ouvre à ceux des hommes et des femmes qu'Il juge dignes de conna î tre certains secrets et certaines réalités cachées des mondes qui nous gouvernent

Si donc il est permis à des hommes ordinaires de posséder de tels pouvoirs, pourquoi des hommes parfaits comme les prophètes et les saints, qui sont dotés de plus grandes capacités spirituelles, ne seraient-ils pas en mesure d'entretenir des rapports plus constants et plus profonds avec le monde invisible et suprasensible; ces hommes, ne l'oublions pas, reçoivent directement une grâce et un enseignement de la part de Dieu, et jouissent d'une âme limpide et d'une conscience pure qui leur permettent de sonder certains mystères.

Ce pouvoir que possèdent les imams ne leur a pas été prêté par la légende. De nombreuses traditions des imams rapportent que ces derniers non seulement reconnaissaient en bénéficier, comme condition indispensable à l'exercice de leur mission, mais aussi indiquaient les voies à suivre par les hommes pour espérer pouvoir acquérir une science plus immédiate des mystères du monde et de Dieu.
Ils affirment que cette connaissance, de nature intuitive, est distincte de la révélation -propre aux prophètes- qui se fait par l'intermédiaire d'un ange dont ils entendent la voix.
Mais bien que l'intermédiaire soit différent, l'imam perçoit un élargissement de son champ de connaissance, et un approfondissement de sa compréhension.

La relation de l'imam avec le monde invisible n'est pas totale et n'est pas illimitée. Elle est conditionnée par la grâce divine, et ne permet jamais l'accès à toutes les connaissances et à tous les mystères. Il n'y a jamais par conséquent de saisie de l'invisible dans son intégralité. Mais en tant que manifestation des attributs divins, ils sont capables de recevoir pleinement le flux de la connaissance émanant de Dieu, ce qui leur permet d'accéder aux mystères.

Leur connaissance du monde suprasensible ne dépend pas de leur volonté propre: ils sont entièrement soumis à la volonté de Dieu. C'est ce qui explique les traditions dans lesquelles les imams affirment ne pas connaître l'invisible. En effet, ils ne connaissent rien par eux-mêmes sinon avec la permission de Dieu et par Sa grâce.
L'imam Mohammad al-Bâqer fut interrogé par un de ses compagnons au sujet du verset coranique:
"Le Connaisseur de l'Invisible. Et il ne révèle son mystère à personne."

Coran, sourate Les Djinns, verset 26

L'imam se hâta de lire le verset suivant:
"excepté le prophète qu'il aura agréé." Puis il ajouta: "Par Dieu, Mohammad était agréé." Quant à la parole divine: "Le connaisseur de l'Invisible", elle signifie que Dieu connaît ce qui échappe à Ses créatures en matière de ce qu'Il leur prédestine, de ce qu'Il leur prescrit dans Sa science, avant même de les créer, et avant même d'informer de son intention les anges chargés de l'exécuter. C'est une science qui Lui est propre, qu'Il ne partage avec personne. Il la fait exécuter s'Il le veut, ou la suspend s'Il le veut. La science que Dieu a fait transmettre à Son Envoyé, puis à nous les Imams, est celle qui se rapporte à des évènements que Dieu a prescrits et dont il a ordonné l'exécution."187

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Le Coran affirme explicitement que Dieu informe certains élus parmi ses créatures de choses se rapportant à l'Invisible, à différentes époques. C'est le cas des prophètes et des imams. Cela ne veut pas dire que les prophètes et les imams se comportent dans leur vie extérieure comme s'ils avaient en permanence l'accès à l'Invisible.
Ils sont -et Dieu l'a voulu ainsi- des hommes vivant parmi d'autres hommes; et ils se doivent agir et déterminer leur décision conformément au sens commun, de façon à ne pas se montrer comme des hommes surnaturels; et ils doivent aussi consulter leurs compagnons. Leur existence doit être en tout point régie par le savoir ordinaire, leur libre-arbitre. Ils sont comme tous les hommes, des êtres responsables devant Dieu, tenus de suivre aussi bien la lettre que l'esprit des obligations religieuses. Ils s'y sont d'ailleurs si bien conformés que beaucoup de leurs contemporains les ont comparés aux autres hommes éminents en science, de leur époque.



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