LA QUESTION DE L'IMAMAT



Un groupe d'Ansârs cria alors:
"Nous ne reconna î trons que Ali!"76
Omar relatant plus tard ce'fait dira:
"Il y eut beaucoup de confusion; les voix s'élevèrent au point que je craignis la division. J'ai alors dit: "Ô Abou Bakr, tends ta main, que je te prête allégeance!"77

Abou Bakr tendit la main; Bachir ibn Sa'd précéda les autres et s'empressa de lui prêter serment, puis Omar, puis ce fut le tour des Muhâdjirouns, et puis celui des Ansârs.78
En ce moment Omar et Sa'd ibn Ubâda se querellèrent. Abou Bakr intervint pour apaiser la querelle.
Sa'd ibn Ubâda dit à ses compagnons; "Faites-moi sortir de cette place!" et ses compagnons l'emmenèrent chez lui!"79 Abou Bakr fut ensuite accompagné jusqu'à la mosquée pour y recevoir l'allégeance générale.
Ali qui était encore occupé au service mortuaire du Prophète, entendit l'appel à la prière s'élever de la Mosquée du Prophète et demanda à son oncle al-Abbâs: "Que se passe-t-il?"

Et son oncle lui dit:
"C'est horrible ce qu'ils sont. en train de faire! Ne t'avais-je pas dit de tendre ta main afin que je te fasse serment d'allégeance?" Ibn Ishâq rapporte d'après Anâs ibn Mâlek ce qui suit:
"Le lendemain de son investiture dans la Saqîfa (le jour-même de la mort du Prophète, Abou Bakr prit place sur la chaire), Omar se leva et ordonnat que les hommes se lèvent et viennent prêter allégeance un A un à Abou Bakr. Après cette seconde cérémonie, les gens se rendirent auprès de la dépouille du Prophète. Cela se passait un mardi. On avait déposé le corps du Prophète sur son lit. Puis, par groupes successifs, les gens vinrent prononcer des prières sur lui." 80 Abou Bakr et Omar n'ont pas assisté à l'enterrement du Prophète."81

* * *

Ali, Abou Dharr, al-Miqdâd, Selmâne, Talha, Zubayr, Hodheïfa ibn al-Yamâne, Ubayy ibn Ka'b et d'autres semblables, n'avaient pas pris part à la. réunion dans la Saqîfa. Parmiles Muhâdijirouns, il n'y avait qu'Abou Bakr, Omar et Abou Obeyda, et quelques autres selon certaines traditions:
N'était-il pas nécessaire qu'on appe1ât les grandes personnalités présentes à Médine pour participer à la réunion, et entendre leurs avis sur cette question fondamentale?

Etait-il normal de considérer que cette réunion qui excluait les compagnons les plus éminentes pouvait siéger validement et décider du destin des musulmans?
Il est évident que l'investiture d'Abou Bakr fut improvisée, hâtive, et par conséquent forcée, puisqu'on ne donna pas le temps aux hommes -Présents ouabscents- d'approfondir leurs réflexions, et de choisir en toute clarté.

C'est ce qui fera dire à Omar plus tard:
"L'investiture d'Abou Bakr fut une erreur. Dieu nous a préservé de ses mauvaises conséquences... Si plus tard quelqu'un vous invite à prendre une telle décision et agir de la sorte, tuez-le."82

* * *

Cela dit, la désignation du deuxième calife par le premier, nous montre que la thèse de la désignation du calife par élection, après la mort du Prophète, était sans fondement. Aucun texte prophétique n'en atteste la validité. S'il en était autrement, on n'aurait pas suggéré au premier calife de désigner lui-même nommément son successeur, afin d'épargner à la communauté les vagues de la sédition et de la corruption, après sa mort.83

Abou Bakr lui-même avait dit:
"Si Abou Obeyda était encore vivant, il aurait été le plus qualifié pour cette charge, car j'ai entendu le Prophète dire à son sujet: "Il est le garant de cette Communauté!" et si Sâlem, le maître d'Abou Hodheï fa était vivant, il aurait lui aussi été le plus qualifié pour cela, car j'ai entendu le Prophète dire à son propos: "Il est un ami de Dieu!"84



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