LA QUESTION DE L'IMAMAT
On voit bien que pour celui qui médite l'ensemble du discours du Prophète à Ghadir Khomm, le sens du mot mawlâ qui s'impose est celui de chef, à qui est dû l'obéissance et qui a priorité sur nos propres choix, car il est un homme inspiré, guidé par Dieu, connaissant mieux que nous-mêmes ce qui nous convient pour notre salut. Un jour le Prophète avait désigné Ali comme commandant d'une expédition. Quatre compagnons s'en plaignirent au Prophète. Ce dernier leur répondit: "Qu'avez-vous contre Ali? Ali fait partie de moi et je fais partie de Ali, et il est le walî de tout croyant, après moi."22
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Certains pourraient se demander pourquoi Ali n'a pas invoqué l'évènement de Ghadir Khomm où il fut désigné par le Prophète comme son successeur, contre ses adversaires de la Saqîfa, après la disparition du Prophète.
Pourquoi n'a-t-il pas rappelé aux musulmans, Muhâdjirouns et Ansârs, qu'il avait été désigné à la charge de Calife par le Prophète lui-même et que personne n'était en droit de lui contester cela? Les témoins de l'évènement qui étaient des milliers avaient-ils oublié ou feignaient-ils l'oubli?
En réponse, nous prouvons qu'il n'en fut pas ainsi. Car l'imam Ali a bien rappelé à chaque fois que l'occasion lui fut donnée, la mission qui lui fut confiée par le Prophète. Il n'a jamais accepté le choix de la Saqîfa.
Les historiens nous rapportent que lorsque Ali et son épouse Fatima se rendaient de nuit auprès des compagnons pour leur rappeler la promesse faite au Prophète au jour du Ghadir Khomm, ils répondaient: "ô fille de l'Envoyé de Dieu, nous avons déjà prêté serment à Abou Bakr. Si ton époux et cousin était venu à nous avant Abou Bakr, nous ne lui aurions pas préféré un autre!" Et Ali leur disait alors: "Allais-je laisser le corps du Prophète dans sa maison, sans l'enterrer, et sortir pour disputer son pouvoir à ces hommes?"23
Le jour de la consultation, où l'on vit Abdurrahmân ibn , Awf prendre ouvertement parti pour Othmân, l'Imam Ali dit: "Je tirerai argument d'un fait qu'aucun arabe ou non-arabe parmi vous ne pourra contester." Puis il dit: "Je vous en conjure par Dieu, y a-t-il parmi vous un homme -autre que moi-mêmeà qui le Prophète de Dieu aurait dit: "Celui dont je suis le mawlâ, Ali est son mawlâ! ô Dieu, sois l'ami de celui qui lui voue l'amitié, et sois l'ennemi de celui qui lui déclare son inimitié. Donne la victoire à celui qui l'assiste. Que les présents transmettent aux absents!"
Les gens répondirent: "Non!"24 Le témoignage apporté par trente hommes parmi les compagnons du Prophète, dans l'enceinte de la mosquée de koufa (Rahba), au sujet de l'évènement de Ghadir Khomm, est un des faits indiscutables établis par l'histoire.
Un jour, en effet, l'imam Ali interpella du haut de la chaire de la mosquée de koufa, les nombreux fidèles en ces termes: "Je vous en conjure par Dieu, que parmi vous, tout musulman ayant entendu le Prophète prononcer à Ghadir Khomm les paroles qu'il prononça, se lève et vienne témoigner de ce qu'il a entendu.
Que ne se lèvent que ceux qui ont vu le Prophète et l'ont entendu de leurs oreilles prononcer ses paroles." Trente compagnons se levèrent alors parmi lesquels se trouvaient douze compagnons ayant pris part à la bataille de Badr, première bataille qui opposa l'islam à l'impiété et qui se solda par la victoire miraculeuse des musulmans. Ils témoignèrent tous que le Prophète prit, au Ghadir Khomm, la main de Ali.et dit à la foule: "Savez-vous que je suis plus cher aux croyants que leurs propres personnes?" Ils répondirent: "Oui". Le Prophète dit:
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