Livre sur l'Imam Hassan (A.S)



«Je me trouve en position ou bien d'injuste ou bien de victime d'injustice, ou bien d'oppresseur ou bien d'opprimé. J'adjure donc tout homme auquel parvient cette lettre de ne pas rester indifférent à mon égard. S'il juge que je suis victime d'injustice, qu'il vienne à mon aide, et s'il me trouve injuste, qu'il me demande des comptes».

Après la lecture de ce message, al-Hassan prononça le discours suivant:

«Ô gens! Nous sommes venus vous appeler au livre de Dieu et à la Sunna de Son Prophète, à vous réunir autour du plus compétent des jurisconsultes musulmans, du plus juste de ceux que vous considérez comme justes, du plus préféré de ceux que vous préférez, du plus fidèle de ceux à qui vous prêtez serment d'allégeance, de celui à qui le Coran n'a rien reproché et que la Sunna n'a pas ignoré, de celui dont l'antécédent glorieux ne l'a pas détourné des combats, de celui que Dieu et Son Messager ont doublement approché: par le lien de la religion et par le lien de parenté (avec le Prophète), de celui qui devançait les gens vers tout bienfait, de celui par qui Dieu a donné suffisance à Son Messager alors même que les gens brillaient par leur défection: il s'approchait de lui lorsqu'ils s'en éloignaient, il priait avec lui, alors qu'ils le fuyaient, il livrait des combats en duel à ses côtés alors qu'ils l'abandonnaient, il croyait en lui lorsqu'ils le traitaient de menteur; de celui dont aucun témoignage n'était jamais contesté et dont aucun des bons antécédents n'était jamais récompensé! Le voici qui vous demande de l'appuyer, vous appelle au bon droit, vous ordonne de vous diriger vers lui pour vous solidariser avec lui et le soutenir contre des gens qui ont violé la prestation de serment d'allégeance qui lui avait été faite, qui ont tué les gens pieux parmi ses compagnons, qui ont profané les cadavres de ses représentants qui ont pillé sa trésorerie! Que Dieu vous couvre de Sa Miséricorde. Suivez donc son exemple, ordonnez le bien, interdisez le mal...»

Bien qu'il fût souffrant ces jours-là (il était obligé d'appuyer son dos contre une colonne lorsqu'il prononçait ses discours) sa maladie n'avait guère entamé sa combativité à ces moments on ne peut plus cruciaux de la vie du message. Il poursuivit sa campagne d'explication et de mobilisation et multiplia ses interventions publiques pendant plusieurs jours, sans se laisser décourager par les efforts de désinformation et de démobilisation menés perfidement et sans répit par les ennemis de la famille du Prophète.

Tout en étant à même d'empêcher manu-militari les perturbateurs de continuer à le contrarier dans sa mission, sa nature douce l'amena à compter sur la force de sa personnalité, son courage, son éloquence, sa détermination et ses capacités de persuasion, pour annihiler les effets de l'action malveillante d'Abu Mussâ et de ses semblables. Tout au long de sa campagne, il se montra digne de la confiance qu'avait mise en lui l'Imam 'Alî.

Sa détermination et son sens du devoir ont eu raison de tous les obstacles - notamment son état de santé et l'oeuvre d'obstruction des agents de la rébellion - qui se sont dressés devant lui. Ayant terminé sa campagne d'explication, il s'adressa une dernière fois aux fidèles pour leur rappeler leur devoir d'aller rejoindre avec lui l'armée du Calife: «Je pars. Vous pouvez voyager soit avec moi par monture, soit par bateaux».

La réponse à son exhortation ne se fit pas attendre. Neuf à douze mille hommes répondirent à l'appel. Ils se dirigèrent vers l'armée du commandeur des croyants, l'Imam 'Alî, à Thî-Qâr (sud-ouest de l'Irak) par voie terrestre et par le fleuve du Tigre.

Al-Hassan s'affirmait jour après jour beaucoup plus comme l'aide vigilant et le conseiller attentif, puissant et écouté de l'Imam 'Alî, que comme un simple fils obéissant passif et exécuteur aveugle des ordres et des directives de son père.[64]

Parcourant les théâtres des événements, il jugeait chaque situation sur le terrain et prenait la décision adéquate en représentant plénipotentiaire de son père.

Ainsi, quelques jours avant la bataille de Çiffine, ayant pressenti une velléité de traîtrise chez Abu Mussâ envers l'Imam 'Alî, al-Hassan n'hésita pas à le destituer sans ménagement en lui disant: «Retire-toi de nous et quitte notre tribune», avant d'écrire à son père pour l'informer des motifs de son initiative.



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