Livre sur l'Imam Hassan (A.S)



Ainsi, le fils d'Abou Sufiyân qui dissimulait à peine ce mépris pour les nobles principes de la Chari'a qu'avait apportée le Prophète Hâchimite, n'était pas quelqu'un que le prestige de l'Imam al-Hassan et sa haute position dans la Ummah arrêtaient. Tout au contraire, le fait d'avoir pour adversaire, le petit-fils du Prophète, semblait lui fournir l'occasion idéale d'étancher sa soif de pouvoir et d'assouvir la haine Ommayade envers celui qu'il considérait au plus profond de lui-même comme l'héritier de tous ceux qui avaient réduit les siens au rang de Tulaqâ'[109]

LA PRÉPARATION AU COMBAT

Les douze années du Califat de 'Othman - pendant lesquelles les Omayyades, profitant de leur parenté avec le Calife, ont tenu solidement toutes les rênes du pouvoir et occupé tous les posses clés de l'Etat - ont permis à Mu'âwiyeh, devenu le maître absolu de la vaste et stratégique province de Syrie,[110] d'étendre son influence sur les territoires islamiques et d'y acheter la conscience de nombreux notables.

Les quatre ans du Califat de l'Imam 'Alî n'ont pas suffi à juguler cette influence tentaculaire et pernicieuse. Car, Mu'âwiyeh qui ne s'embarrassait guère des règles de la morale islamique et des exigences de la Chari'a n'a hésité ni à utiliser les moyens financiers et les pouvoirs mis à sa disposition du fait du posse qu'il occupait, à des fins personnelles, ni à recourir à tous les coups bas, le stratagème, la ruse, la duperie, la désinformation pour parvenir à ses fins, à savoir: se venger de la Famille du Prophète et s'emparer de la direction de l'Etat islamique que son père, Abou Sufiyân n'avait jamais cessé d'assimiler aux Bani Hâchim dont est issu le Messager, et de considérer comme la cause néfaste de l'effacement du leadership et de la notoriété omayyades de l'époque jahilite.

L'assassinat de l'Imam 'Alî lui offrait enfin une occasion trop belle pour ne pas la saisir de toute sa force avant que le nouveau Calife légitime ne tienne la situation bien en main.

L'occasion était d'autant plus propice que dans le territoire irakien qui abritait la capitale de l'Etat islamique régnait une situation de confusion, d'incertitude, d'ébranlement, due à l'effet conjugué des séquelles de la bataille de Çiffine et du combat que l'Imam 'Alî avait mené contre les Khârijites d'une part, de l'action subversive et des complots des agents et des partisans de Mu'âwiyeh d'autre part.

Une telle situation offrait donc un terrain très fertile pour contrecarrer les efforts d'al-Hassan en vue de mettre sur pied une armée capable de vaincre ses troupes.

Mu'âwiyeh prépara donc son armée à l'invasion de l'Irak et écrivit à ses fonctionnaires pour qu'ils se mettent sur le pied de guerre. Dans certaines de ces lettres, il affirmait que d'ores et déjà certains notables et chefs de tribus lui avaient écrit pour lui annoncer leur ralliement et lui demander de leur laisser la vie sauve aussi qu'à leurs tribus.[111]

L'Imam al-Hassan s'est affairé de son côté à encourager les Musulmans de Kûfa, capitale du Califat au jihâd contre les rebelles, sitôt qu'il a appris la nouvelle du mouvement de Mu'âwiyeh vers l'Irak. II chargea Hojr Ibn 'Adi de mobiliser les gens en vue du combat qui s'annonçait virtuel. Le muezzin appela un jour à une prière en assemblée.

L'Imam al-Hassan monta sur la chaire, et après avoir ouvert son sermon par la louange et le remerciement à Dieu, il dit:

«Dieu a prescrit le Jihâd à Sa créature et l'a appelé "contrainte"».



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