Livre sur l'Imam Hassan (A.S)4 - Ceux qui étaient versés dans le tribalisme et le racisme. 5 - La populace qui n'avait pas une opinion précise et se laissait diriger au gré des vents. L'Imam al-Hassan qui ne ménageait pas ses efforts pour maintenir un minimum de cohésion et de moral dans son armée était conscient de la composition hétéroclite de celle-ci, et savait combien sa situation était précaire. En témoigne ce discours qu'il a prononcé devant ses troupes à Madâ'in et qui montre son manque de confiance dans la motivation de son armée: «A Çiffine, vous avez placé votre religion devant votre vie d'ici-bas, alors que, aujourd'hui, vous mettez celle-ci devant celle-là . Vous êtes animés par la vengeance de deux catégories de tués: les uns pleurent un tué à Çiffine, les autres nous réclament vengeance pour un tué à Nahrawân. Ceux-ci ont un penchant à la défection et ceux-là sont des révoltés".[115] II va de soi qu'une armée dont les motivations sont si variées et si contradictoires risquait l'éclatement au moindre accroc. Mu'âwiyeh qui connaissait parfaitement les points faibles de l'armée de l'Imam al-Hassan n'eut aucun scrupule à décider d'en tirer profit par tous les moyens. Aussi élabora-t-il en même temps qu'il préparait son armée à l'invasion du territoire irakien, un plan de réconciliation qu'il faisait miroiter aux troupes de l'Imam al-Hassan et par lequel il comptait triompher dans tous les cas du Califat légal: mettre l'Imam al-Hassan devant un dilemme: ou bien accepter la réconciliation en cédant le Califat à Mu'âwiyeh, ou bien se faire passer pour seul responsable d'une bataille au terme de laquelle Mu'âwiyeh prendrait grand plaisir à anéantir le reste des membres bénis de la Famille du Prophète, ainsi que l'élite de leurs adeptes, c'est-à -dire ceux là mêmes qui veillaient et vouaient leur vie à la sauvegarde de l'intégrité du Message. LE DÉPART
Le campement d'al-Nukhaylah était sur le pied de guerre et accueillait les flots de combattants venant de Kûfa. Le prédicateur avait la voix enrouée à force de lancer des appels successifs à la mobilisation pour inciter les récalcitrants au jihâd et remonter le moral des défaitistes. L'Imam al-Hassan ayant déjà mandaté al-Mughirah Ibn Hârith pour se charger des affaires courantes du gouvernement de Kûfa, s'affairait à l'organisation du commandement et de la stratégie de l'armée. Il détacha une de ses troupes et mit à sa tête son cousin 'Obeidullah Ibn al-'Abbas Ibn Muttalib pour qu'il le précédât sur le chemin de l'armée de Mu'âwiyeh pendant qu'il rassemblait lui-même le reste des combattants. En tant que commandant suprême de l'armée, il précisa à 'Obeidullah dans sa lettre de nomination la ligne de conduite et le plan d'action qu'il devrait suivre:
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