Livre sur l'Imam Hassan (A.S)En effet, la 5e clause du "Traité de Réconciliation" stipulait que Mu'âwiyeh devrait s'abstenir de menacer la vie des Musulmans en général et des Partisans de l'Imam 'Alî en particulier. Or dès son accession au Califat, Mu'âwiyeh déclencha une répression sanglante contre les adeptes de l'Imam 'Alî: assassinats, pendaisons, amputations des mains et des pieds, déportations...[198] Il écrivit aux juges et aux gouverneurs leur ordonnant de refuser le témoignage de tout adepte de l'Imam 'Alî et de tout Musulman évoquant ses vertus. Puis il envoya la circulaire suivante à ses fonctionnaires: «Vérifiez s'il est prouvé que quelqu'un aime 'Alî et sa famille; si oui, faites-le disparaître du divan», suivie bientôt d'une autre: «Si vous pensez que quelqu'un est partisan de l'Imam 'Alî, même sans pouvoir le prouver, tuez-le».[199] Ainsi beaucoup de gens furent assassinés sur de simples soupçons ou présomptions de respect pour celui dont la vie, le nom et l'action s'étaient identifiés au Message du Prophète et à la fondation de l'Etat islamique. Et comme nous l'avons vu, dans sa foulée meurtrière, il n'a pas hésité à assassiner des Compagnons vénérables unanimement appréciés par les Musulmans, tels que Hojr Ibn 'Adî, 'Amr al-Khazâ'i... etc. sans oublier de mutiler et de profaner leurs cadavres pour en faire des exemples et terroriser la Ummah. Il s'en est suivi que tout le peuple fut pris de peur et que "la Ummah dans son ensemble est devenue lâche", commente Abou A'lâ al-Mawdoudi.[200] Alternant répression et corruption, il a réussi à implanter partout des inventeurs, des falsificateurs et des déformateurs de Hadith dans le but de vider l'Islam de son essence et d' ôter à l'Expérience islamique sa noblesse. Non content de dévier l'Etat islamique de sa ligne initiale, Mu'âwiyeh y a posé la fondation d'une politique systématique de corruption de la Ummah elle-même. «Cette politique (de répression), ajoute al- Mawdoudi, »a fait perdre peu à peu aux Musulmans leur courage et les a rendus serviteurs de l'avantage et esclaves de l'intérêt. Le nombre de ceux qui osaient dire la vérité a diminué alors que la flagornerie, l'affectation, l'hypocrisie, la vente de conscience, la malhonnêteté ont prédominé dans la société. L'attachement au vrai n'était plus une valeur (...). Les hommes compétents, les croyants pieux et les honnêtes gens s'abstenaient de servir dans le secteur gouvernemental. Le peuple n'avait plus aucune affection pour le gouvernement. Des gouvernements s'installaient, disparaissaient et se succédaient, et le peuple se contentait de voir et laisser faire».[201] Si Mu'âwiyeh ne pouvait que dissimuler le mépris des ex-Tulaqâ' pour l'uvre du Prophète, et leur volonté inavouée d'effacer ses traces à travers leur dénigrement de sa Famille et de ses fidèles Compagnons, il a tout fait par contre pour fonder un règne héréditaire dans lequel ses descendants n'auront aucun scrupule de passer d'une étape à l'autre dans la destruction des valeurs islamiques et de s'attaquer directement aux autres symboles sacrés du Messager de Dieu et de sa Religion. C'est bien Yazid, fils de Mu'âwiyeh qui ordonnera que l'on mette la ville du Prophète Médine, ainsi que ses habitants à feu et à sang, passant outre les avertissements du Messager de Dieu, lequel avait prévenu - selon al-Bukhâri, Musulim, Musnad Ahmad, al-Nissâ'i etc. - «Quiconque voudra du mal à la ville de Médine, Dieu le fera fondre dans le Feu comme du plomb»
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