Livre sur l'Imam Hassan (A.S)



Ecoutons maintenant le commentaire du savant religieux, 'Aboul A'lâ al-Mawdoudi, à ce sujet:

«Ce changement (...) a commencé lorsque notre maître 'Othman (...) nomma ses proches aux hautes fonctions et leur accorda des privilèges auxquels tout le monde s'opposa.[131] (...) Ainsi, il destitua Sa'ad Ibn Abi Waqqâç de sa fonction de gouverneur de Kûfa pour nommer à sa place d'abord son demi-frère al-Walid Ibn 'Oqbah Ibn Mu'it, puis un proche, Sa'ïd Ibn al-'Aç. De la même façon il démit Abou Moussa al-Ach'ari de sa fonction de gouverneur de Basrah pour le remplacer par son cousin maternel 'Abdullah Ibn 'Amir, et il fit remplacer le gouverneur de l'Egypte, 'Amr Ibn al-'Âç par son frère de lait 'Abdullah Ibn Sa'ad Ibn Abi Sarh. Quant à Mu'âwiyeh qui avait été sous 'Omar gouverneur de Damas seulement, 'Othman le mit à la tête d'un gouvernement comprenant à la fois Damas, Himç, la Palestine, la Jordanie et le Liban. Enfin 'Othman nomma son cousin Marwân Ibn al-Hakam Secrétaire Général de l'Etat, ce qui lui permit d'imposer son influence sur tout l'Etat et sur tout ce qu'il comprend et sur tous ceux qui s'y trouvent. De cette façon tous les pouvoirs se trouvèrent entre les mains d'une seule famille».[132]

Et quelle famille!!

'Aboul A'lâ al-Mawdoudi poursuit:

«Bien que le fait de réserver tous les postes importants de l'Etat à la famille du chef de l'Etat soit en soi discutable, d'autres facteurs ont concouru à l'élargissement du champ de troubles et de l'anarchie: le premier facteur est que les membres de cette famille qui connurent la promotion à l'époque de 'Othman, étaient tous des Tulaqâ, c'est-à-dire les familles mecquoises qui restèrent jusqu'au dernier moment hostiles au Prophète (Ç) et à l'Appel islamique et que le Prophète (Ç) gracia après la conquête de la Mecque pour leur permettre d'entrer en Islam.

»Mu'âwiyeh, al-Walid Ibn 'Oqbah et Marwân Ibn al-Hakam faisaient parti ces familles à qui on avait laissé la vie sauve et que le Prophète avait amnistiées. Quant à 'Abdullâh Sa'ad Ibn Sarh, il renia l'Islam après s'y être converti et était l'un de ceux que le Messager de Dieu ordonna que l'on tue fussent-ils accrochés aux rideaux de la Ka'bah! (...)

»Il est donc évident que personne n'acceptait que les plus anciens (musulmans), ceux qui avaient exposé leur vie au danger pour la promotion de l'Islam, et grâce aux sacrifices desquels l'étendard de l'Islam s'éleva, soient destitués et que la Ummah soit gouvernée à leur place par de tels individus (les Tulaqâ'). Le second facteur est que ces individus n'étaient guère qualifiés pour le leadership du mouvement islamique... car ils n'avaient pas eu l'avantage d'accompagner le Prophète (Ç) et de connaître son éducation, de telle sorte que leur curs s'attachent à son esprit, à sa conduite et à sa voie. Il se peut qu'ils fussent d'excellents administrateurs et conquérants (...) mais l'Islam n'était pas venu uniquement pour s'emparer de pays et de nations, il était avant tout un Appel à la réforme et au bien, requérant beaucoup plus une éducation intellectuelle et morale qu'une compétence administrative et militaire. Or selon ce critère, ces individus auraient dû avoir une place dans les derniers rangs des Compagnons et des Suivants[133] et non pas au premier».[134]

Ces Tulaqâ' qui s'étaient acharnés contre l'Islam et les Musulmans jusqu'au dernier moment avant leur défaite et que le Prophète avait graciés malgré le sang qui entachait encore leurs mains, allaient-ils faire preuve de gratitude et avoir un comportement islamique digne de confiance, ce après que le Prophète leur offrit la possibilité de s'intégrer dans la communauté musulmane? Rien de moins sûr!

'Aboul A'lâ al-Mawdoudi nous cite à cet égard[135] et entre bien d'autres, l'exemple d'al-Walid Ibn 'Oqbah:

«Al-Walid Ibn 'Oqbah était entré en Islam après la Conquête de la Mecque. Il fut chargé par le Prophète d'aller prélever les aumônes légales chez les Bani Muçtalaq. Une fois dans la région de cette tribu, al-Walid fut pris de peur pour une raison quelconque et rebroussa chemin sans avoir pris contact avec personne. Une fois retourné à Médine, il dit au Prophète que les Bani Muçtalaq refusaient de payer la Zakât et qu'ils avaient failli le tuer. Le Prophète (Ç) se fâcha, et dépêcha une armée vers cette tribu pour la combattre. Une grande bataille fut évitée de justesse lorsque les chefs des Bani Muçtalaq comprirent à temps qu'il y avait eu un malentendu, et se rendant à Médine, ils informèrent le Prophète que cet individu n'était jamais venu les voir et qu'ils attendaient l'arrivée de quelqu'un pour s'acquitter de leur Zakât. C'est à ce propos que Dieu révéla ce verset: "Ô vous les croyants! Si un homme pervers vient vous apporter une nouvelle, faites attention! Car si, par inadvertance! vous portiez préjudice à un peuple, vous auriez ensuite a vous repentir de ce que vous auriez fait"».[136]



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