Livre sur l'Imam Hassan (A.S)En effet, lorsque Mu'âwiyeh annonça publiquement son mépris pour les engagements qu'il avait contractés par le Traité de Réconciliation, et que plusieurs chefs de tribus irakiens parmi les partisans de l'Imam al-Hassan tels que Sulayman Ibn Çard, Hojr Ibn 'Adî, Mussayyab Ibn Najiyah et bien d'autres se succédèrent chez lui (l'Imam al-Hassan) pour lui demander de les autoriser à reprendre le combat contre Mu'âwiyeh sous sa direction, le petit-fils du Prophète leur fit comprendre sans détour qu'il respecterait, lui, son engagement jusqu'au bout et que, malgré la trahison de Mu'âwiyeh, il lui laissera le pouvoir tant qu'il restera vivant.[208] Tout en laissant les Omayyades abattre leurs cartes les unes après les autres, l'Imam al-Hassan entreprit de constituer autour de lui le noyau d'une école idéologique dont rayonnera une pensée islamique conforme à l'esprit du Message et assez solide pour faire pièce aux tentatives des Omayyades de déformer les Traditions du Prophète par un pullulement d'inventeurs et de falsificateurs de Hadiths qu'ils favorisèrent. Cette école fondée sur l'immense savoir que l'Imam al-Hassan avait hérité du Prophète et de l'Imam 'Alî a porté pleinement ses fruits puisqu'elle a fait sortir de ses couloirs une constellation de uléma et de rapporteurs de Hadith tels que al-Hassan al-Muthannâ, al-Mussayyab Ibn Najyah, Suwayd Ibn Ghaflah, al-Cha'bi, al-Çabbâgh ibn Nabâtah, Abou Yahiyâ, Is-hâq Ibn Yassâr etc...[209] Le savoir de l'Imam al-Hassan n'était pas la seule source d'inspiration de ses disciples. Sa conduite dans la vie quotidienne l'était tout autant. Eduqué par le Prophète, l'Imam 'Alî et Fâtima al-Zahrâ', il dispensait par ses manières islamiques parfaites, à tous ceux qui avaient l'occasion de l'approcher ou de le fréquenter un cours pratique ou une leçon des enseignements de l'Islam, qu'incarnait chacun de ses actes, de ses gestes et de ses paroles. Sa modestie et sa générosité devenues proverbiales se sont gravées dans les pages de l'histoire. Sa maison n'était pas seulement un centre de savoir, mais également le point de mire de tous les nécessiteux. Lorsqu'on lui demanda un jour: «Pourquoi ne t'a-t-on jamais vu éconduire un solliciteur?», il répondit: «Je suis solliciteur et désireux de Dieu seulement. Je n'aime ni solliciter quelqu'un ni éconduire un solliciteur. Dieu m'a habitué à une chose: me prodiguer ses bienfaits; et je l'ai habitué à prodiguer Ses bienfaits aux gens. Je crains donc qu'IL n'interrompe ce à quoi IL m'a habitué, si je venais à interrompre mon habitude».[210] L'action culturelle et sociale de l'Imam al-Hassan a insufflé dans le climat de corruption qui empoisonnait la Ummah, un courant islamique sain résistant aux pressions de la déviation. Les autorités omayyades ont pris conscience du danger que faisait courir à leurs plans ce noyau actif de la résistance naissante. Aussi les principaux dirigeants de l'Etat omayyade, 'Amr Ibn al-'Aç, al-Walid Ibn 'Oqbah Ibn Abi Mu'ît, 'Otbah Ibn Abi Sufiyân, al-Mughirah Ibn Chu'bah se sont réunis autour de Mu'âwiyeh pour arrêter des décisions qui s'imposaient. Ils firent savoir à ce dernier la raison de leur inquiétude: «Al-Hassan a fait revivre la mémoire de son père (...). Il a commandé et il a été obéi. Il a formé des adeptes, ce qui pourrait l'amener plus loin. Nous continuons de recevoir des rapports montrant que son action nous porte atteinte...».[211] Cette réunion et les propos qui y étaient tenus montrent clairement que l'Imam al-Hassan n'a jamais cessé de dénoncer la déviation et d'indiquer aux Musulmans les voies menant vers la ligne du Prophète dont il restait le véritable représentant. Le petit-fils du Prophète ne s'est pas contenté de mener son action à Médine seulement. Il est allé à Damas même, capitale des Omayyades et il y a engagé des débats contradictoires avec Mu'âwiyeh pour démontrer les violations de la Chari'a commises par le régime omayyade. De tels débats dans lesquels les dirigeants omayyades se trouvaient souvent à court d'arguments face à l'Imam al-Hassan ont valu à ce dernier de se faire des partisans et des disciples dans le fief même de Mu'âwiyeh.[212] Pour étouffer le mouvement de contestation né de l'effet conjugué de l'action de l'Imam al-Hassan et de la corruption galopante des autorités omayyades, celles-ci, faute de pouvoir s'en prendre directement au petit-fils du Prophète intensifièrent tout d'abord leur répression contre les populations indociles tout en faisant appel aux services de prédicateurs prêts à vendre leur âme au diable, à chanter les louanges de Mu'âwiyeh et à dénigrer la cause de la famille du Prophète.
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