Livre sur l'Imam Hassan (A.S)



Par le "Traité de Réconciliation" il a tiré une ligne de démarcation nette et durable entre le Gouvernement islamique soumis à la Loi divine et régi par elle et un pouvoir temporel tournant au gré des caprices, des désirs et des défauts de dirigeants dits Musulmans, mais se plaçant au-dessus de la Chari'a.

L'Imam al-Hassan évitera aux Musulmans de toutes les générations futures un amalgame dangereux entre la pureté des Traditions du Prophète et l'impureté des pratiques honteuses des descendants des Tulaqâ'.

Mu'âwiyeh voulait à tout prix diriger l'Etat islamique et il en avait tous les moyens grâce à une longue préparation commencée sous le troisième Calife. Il aurait pu ainsi faire de la déviation amorcée par les Tulaqâ' sous le Califat de 'Othman, une continuation du Califat-Bien-Dirigé.

Or, quel Musulman aurait pu trier ou pourrait aujourd'hui supporter sans rougir qu'on lui désigne du doigt l'assassinat atroce de Hojr Ibn 'Adi et de bien d'autres Compagnons pieux sans parler d'autres crimes objets (que nous avons mentionnés antérieurement) comme une tradition islamique?

L'Imam al-Hassan a cédé officiellement à Mu'âwiyeh les rênes d'un pouvoir qu'il possédait de toute façon en puissance. Mais ce faisant, il l'a d'une part empêché de s'inscrire dans l'histoire comme un Califat-Bien-Dirigé, il lui a, d'autre part, laissé le temps de se démasquer complètement, permettant ainsi aux Musulmans de s'apercevoir, pendant qu'il était encore temps, du grand fossé qui séparait la ligne du Prophète et la déviation des Tulaqâ'.

Car tant qu'ils n'avaient pas encore officiellement la direction de la Ummah entre leurs mains, Mu'âwiyeh et ses acolytes s'ingéniaient par des arguments sophistiqués et des raisonnements spécieux à habiller leurs infractions à la Chari'a d'une apparence islamique, et s'efforçaient tant bien que mal de dissimuler leur haine viscérale envers la famille du Prophète et les défenseurs de ses Traditions.

Une fois l'Imam al-Hassan écarté de leur chemin, aucun obstacle ne les empêchait plus d'inonder la Ummah de l'eau trouble dont ils l'arrosaient jusque-là à petites gouttes.

Mais abstraction faite de l'opportunité et de tous les aspects positifs de ce Traité, beaucoup de proches partisans de l'Imam al-Hassan concevaient mal que ce dernier puisse supporter l'idée de se laisser et de laisser la Ummah vivre sous le pouvoir des "amnistiés".

Cela leur paraissait d'autant plus inconcevable que l'Imam al-Hassan, contrairement à la majorité des mortels, connaissait parfaitement et de très près le passé peu glorieux des Tulaqâ' et les intentions malveillantes de Mu'âwiyeh et de son entourage.

Et s'ils avaient pu constater comme lui que dans l'état actuel de son armée, il n'avait guère d'espoir d'opposer une résistance sérieuse aux attaques que Mu'âwiyeh s'apprêtait à lancer contre la capitale du Califat, il leur était par contre difficile de comprendre que le petit-fils du Prophète ait préféré traiter avec le fils d'Abou Sufiyân plutôt que se sacrifier.



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