BILAL d'AFRIQUE



Avant-propos :

Bilâl Guidé par la fitrah ou la nature innée

 

La Biographie de Bilâl l'Ethiopien fait partie intégrante de l'histoire des premiers temps de l'Islam. Sa vie et sa conversion à la Foi musulmane révèlent une tranche importante de cette histoire. Bilâl n'était pas simplement un Compagnon du Prophète parmi bien d'autres. Il s'en détachait par des traits qui lui étaient propres.

Tout d'abord Bilâl figurait parmi la première poignée d'hommes à avoir capté la lumière de l'Islam, à adhérer à son Message, à subir par conséquent la foudre des polythéistes qui régnaient sur la Mecque et l'Arabie, et à constituer le premier noyau de la future Communauté. Ce noyau qui comptait comme non arabes, outre Bilâl, notamment Salman le Persan et Sohayb le Romain, annonçait déjà le caractère universel de l'Islam né au coeur d'une Arabie où la race, l'origine, l'appartenance tribale, la haute naissance s'affirmaient comme les plus hautes valeurs de la société. Fait significatif, à signaler au passage, Bilâl sera choisi par le Prophète comme muezzin attitré de la communauté musulmane grandissante. C'est là une position unique et enviable. Elle équivalait à la fonction de héraut de l'Appel de l'Islam dont la colonne vertébrale et la manifestation la plus saillante était la Prière. Et c'était justement Bilâl qui convoquait en quelque sorte, la foule des Compagnons au rassemblement en vue de la Prière communautaire cinq fois par jour, puisqu'il avait la charge de l'"Azan", l'"Appel à la Prière".

Bilâl incarne ensuite, mieux que quiconque un, aspect à la foi douloureux et héroïque de l'histoire ou de la vie des pionniers de l'Islam, soumis aux persécutions sauvages et impitoyables des polythéistes mecquois et faisant montre d'une résistance stoïque. En effet, la conversion de Bilâl se résume en une suite de séances de torture, de supplices et de souffrances physiques insupportables que son maître lui a infligés pour qu'il renie la Religion de Mohammad (P) et auxquels Bilâl a opposé une résistance quasi surhumaine, nourrie constamment par l'effet transcendant d'une foi inébranlable. Bilâl était condamné à mourir sous la torture, à moins qu'il ne renonce à sa foi, mais la joie de conserver celle-ci le transcendait et le rendait insensible à la douleur et indifférent à la mort, ce qui ne manqua pas de déconcerter et de décontenancer ses bourreaux polythéistes qui, en le soumettant à cette torture barbare, croyaient avoir toute latitude pour étouffer dans l'oeuf les prémices d'une révolution inexorable,

Enfin, l'origine africaine de Bilâl, son statut social, son état spirituel et intellectuel avant sa conversion à l'Islam, confèrent à celle-ci une signification particulière et appellent à une réflexion sur l'attirance spontanée et naturelle des Africains pour l'Islam, et sur la raison de cette attirance.

Avant sa conversion à l'Islam, Bilâl était un esclave rangé, et menait une existence tranquille, normale et sans histoire. Pas plus son environnement familial que le milieu social ne l'incitaient à une velléité de contestation de son destin ou de son statut. Esclave de naissance, c'est-à-dire né de deux parents eux-mêmes esclaves et vivant en harmonie et en paix chez leurs maîtres, Bilâl n'a jamais connu d'autre statut que le sien.

Ayant grandi dans une société où la principale activité des gens était les razzias dont le but ou le butin consistait en l'asservissement des victimes (lorsqu'elles n'avaient personne pour payer la rançon de leur libération) et la confiscation de leurs biens, il ne voyait rien d'anormal dans son statut d'esclave ou son destin, somme toute courant et ordinaire à l'époque antéislamique et obscurantiste. Par ailleurs, tout comme ses parents qui avaient été bien notés et bien appréciés par leurs maîtres, Bilâl donnait entière satisfaction à ses derniers, lesquels lui confièrent subséquemment la tâche de la supervision de leur propriété et de leur temple. Et n'ayant ni une volonté libre ni une pensée indépendante, il n'a connu que la religion polythéiste à laquelle il avait adhéré automatiquement et qu'il pratiquait sincèrement.

Rien ne prédestinait donc Bilâl à vouloir changer de croyance ou de pensée un jour, ou à un volte-face aussi radical. Pourquoi cette prise de conscience soudaine, déconcertante pour son entourage, dès qu'il a entendu le Message de l'Islam? Pourquoi s'être détaché de ses semblables, de sortir des rangs, et de défier ses maîtres, ainsi que la foule des polythéiste qui l'entourait et qui peuplaient l'Arabie pour se placer parmi les tout premiers à oser souscrire au Message du Prophète Mohammad (P), et à abdiquer une religion qu'ils avaient toujours pratiquée avec dévotion?



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