BILAL d'AFRIQUE



Donc l'Imam 'Alî voulait absolument éviter de recouvrer son droit divin au prix d'un soulèvement armé qui exposerait certainement l'Islam même aux dangers imminents qui le guettaient, et préférait jouer un rôle constructif et sauver la Ummah dans l'avenir, sachant que l'Islam n'était pas à l'abri de tentatives de déviations majeures.

L'Imam 'Alî choisit donc une attitude de patience et de silence et mena une vie solitaire pendant vingt-cinq ans, comme un oiseau sans plumes. De cette façon il montra sa grandeur, et son courage, en les mettant au service de l'Islam et des Musulmans et guida les gens tout en restant à l'écart des palais du pouvoir.

Bilâl Fait la Grève

Depuis le jour où le Saint Prophète émigra à Médine et jusqu'à la fin de sa vie Bilâl s'était appliqué à appeler les gens à la Mosquée pour les y rassembler en vue d'accomplir la prière en assemblée, de se mobiliser dans l'armée, ou de résoudre un problème.

Tout le monde s'était familiarisé avec sa voix et attendait avec plaisir d'entendre son appel vivifiant l'invitant à Allah et à la bonne action.

Mais lorsque après le décès du Saint Prophète Abû Bakr avait accédé au Califat et décidé à ce titre d'aller à la Mosquée et d'occuper le siège (mihrâb) que le Prophète avait l'habitude d'occuper, afin de consolider de cette façon les piliers de son pouvoir et être en contact direct avec les gens, Bilâl s'abstint de poursuivre sa tâche de faire l'azan.

Etant donné que jusqu'à la fin de la vie du Saint Prophète, la première étape de la formation de la foule et du rassemblement des gens à la Mosquée avait été la récitation de l'azan par Bilâl, celui-ci en décidant de ne plus accomplir cette mission, avait trouvé le moyen le plus sensible, et le plus naturel, mais aussi le plus efficace de manifester sa désapprobation du Califat. Et depuis cette époque, Bilâl ne participa à aucun rassemblement organisé par ou pour le pouvoir califal.

L'absence de Bilâl, une personnalité bien en vue, aux réunions, pouvait amener les gens à s'interroger sur les raisons de cette absence, à une époque où la contestation de la légitimité du califat était beaucoup plus qu'un sujet tabou.

Les partisans du Calife pensaient que si Bilâl continuait à faire l'azan comme avant, les cris et les grognes des opposants du Califat pourraient se dissiper et les gens reviendraient plus nombreux, comme jadis, à la Mosquée, étant donné qu'ils étaient accoutumés à le faire en entendant la voix de Bilâl. Ils voulaient que la récitation de l'azan par Bilâl serve de rideau aux intrigues de l'administration califale et d'un trompe-l'oeil pour les braves gens et le commun des mortels.

Aussi se mirent-ils à la recherche de Bilâl, et l'ayant localisé non sans difficulté, lui demandèrent-ils de reprendre sa mission.



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