BILAL d'AFRIQUE



Avec cet objectif en tête, Abû Sufiyân s'était donc rendu chez l'Imam 'Alî en lui disant: «Si tu te soulèves pour recouvrer ton droit (le califat), je ne t'épargnerais aucune assistance dont tu aurais besoin».

L'Imam 'Alî jeta un coup d'oeil significatif sur Abû Sufiyân, montrant qu'il avait deviné l'intention cachée de ce dernier de porter un coup à l'Islam. Aussi déclina-t-il l'offre de soutien et d'assistance et dit-il à Abû Sufiyân et ses compagnons:

«O gens! Déchirez les vagues des dissensions par les bateaux de sauvetage. Eloignez-vous de la voie de l'animosité et enlevez les couronnes de la vantardise de vos têtes. On doit ou bien se soulever avec une aile (amis et partisans), et être alors victorieux, ou bien se résigner (par contrainte ou pour l'intérêt général) et se retirer.

»Obtenir le Califat de la façon que vous suggérez est aussi malsain que l'eau amère. Par conséquent, le soulèvement armé dans ces conditions n'est pas dans mon intérêt, car celui qui cueille un fruit encore vert est semblable à celui qui plante dans la terre d'autrui.

»Si j'évoque mon droit au Califat, on dira que j'ambitionne le pouvoir, et si je reste tranquille, on dira que je crains la mort. Or le fils d'Abû Tâlib se délecte de la mort plus qu'un nourrisson de la mamelle de sa mère. Donc mon silence concernant le Califat n'est nullement dû à la crainte de la mort ni de la défaite. Mais il tient à quelque chose que je connais et qui m'empêche de vouloir le Califat dans les conditions présentes. Et si je vous révélais cette chose que je connais, vous trembleriez et vous vous troubleriez comme une corde au fond d'un puits profond.

»Ainsi, ce à quoi vous m'invitez n'est ni dans mon intérêt ni dans l'intérêt général de l'Islam et des Musulmans. Allez-vous-en».(51)

Alors que Bilâl et des centaines d'autres Musulmans s'étaient rassemblés, les larmes aux yeux, près de la maison du Saint Prophète, oubliant leurs soucis et occupations quotidiennes et plongés dans une tristesse et un hébétement indescriptibles, la nouvelle de la réunion de la Saqîfah et de la désignation d'Abû Bakr à la succession du Messager d'Allah leur fut annoncée.

C'était un grand choc pour Bilâl et pour bien d'autres: «Qu'est-ce que cela veut dire?», se demandèrent-ils incrédules et désagréablement surpris.

«Quel acte fautif et illogique a-t-on a commis, alors que le corps du Saint Prophète n'est pas encore enterré et que les larmes des survivants n'ont pas encore séché! Le Calife du Saint Prophète n'avait-il pas été désigné à Ghadîr Khom, sur ordre d'Allah? Est-il possible qu'un autre que l'Imam 'Alî puisse succéder au Saint Prophète? Les gens n'avaient-ils pas prêté serment d'allégeance à l'Imam 'Alî du vivant et en présence du Saint Prophète à Ghadîr Khom? L'événement de Ghadîr Khom est encore frais et les recommandations du Saint Prophète résonnent toujours dans les oreilles!»

En tout état de cause les procédures de l'accession d'Abû Bakr continuèrent jusqu'à ce qu'il commençât à exercer sa fonction, et toute velléité de protestation contre cette façon anormale et conspiratoire d'accéder au Califat, fût écrasée impitoyablement. Les personnes qui avaient préparé minutieusement leur plan pour s'emparer du Califat, depuis des années, l'exécutèrent tout de suite après le décès du Saint Prophète.



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