BILAL d'AFRIQUEEn entendant ces paroles, les Ançâr comprirent qu'ils avaient été mis hors de la course au Califat. Aussi changèrent-ils immédiatement de cap et lancèrent-ils des slogans en faveur du grand absent, le Commandeur des Croyants, l'Imam 'Alî: «'Alî Ibn Abî Tâlib doit être le Calife (successeur) du Saint Prophète». Ce slogan fit trembler certains dignitaires, car ils savaient pertinemment que si l'Imam 'Ali se libérait des cérémonies funéraires du Saint Prophète et qu'il assistait à la réunion de Saqîfah, tout le monde lui prêterait serment d'allégeance, et il obtiendrait certainement le vote de la majorité. Pour parer à une telle éventualité, 'Omar se tourna précipitamment vers Abû Bakr et lui dit: «Donne-moi ta main afin que je te prête serment d'allégeance, car tu es l'aîné de la communauté et tu mérites cette position». Puis sans attendre, il tendit sa main, tint celle d'Abû Bakr, la serra en guise de prestation de serment d'allégeance. Il s'ensuivit que toutes les personnes présentes à l'exception de deux ou trois personnes, prêtèrent serment d'allégeance à Abû Bakr Ibn (fils de) Quhâfah. C'est de cette façon que le conseil de "l'élection" du Calife conclut sa tâche et que ses membres retournèrent à la ville pour annoncer qu'ils avaient "élu" Abû Bakr, successeur du Saint prophète. Le seul sujet qui ne fut pas mentionné dans le Conseil, était celui des Ahl-ul-Bayt (les Membres bénis de la Maison (Famille) du Saint Prophète). Le seul nom qui y avait été évoqué le moins, était celui de l'Imam 'Alî, et la seule chose qui n'avait été point discutée, était les recommandations et les affirmations du Saint Prophète relatives à la désignation de l'Imam 'Alî pour sa succession. Les proches Compagnons du Messager d'Allah, tel Bilâl, Salmân, Abû Tharr, Miqdâd etc. n'avaient pas assisté au conseil, et même s'ils y avaient été, ils en auraient été sûrement rejetés. Après que la prestation du serment d'allégeance eut été conclue pour Abû Bakr, un groupe des Omayyades, ayant appris le mécontentement de l'Imam 'Alî de ce qui s'était passé, se rendit chez lui, sous la direction d'Abû Sufiyân. L'objectif que ce groupe et notamment Abû Sufiyân, voulait atteindre par cette visite était double. D'une part, les Omayyades pensaient qu'en soutenant l'Imam 'Alî contre Abû Bakr, ils pouvaient s'assurer de hautes positions dans l'administration califale, si l'Imam 'Alî acceptait leur offre de soutien et qu'il accédait au Califat grâce à ce soutien. Mais ils espéraient surtout se venger des Musulmans - qui les avaient vaincus et humiliés - en provoquant une guerre civile entre les deux principales ailes de la Communauté musulmane: les partisans d'Abû Bakr qui s'était emparé du Califat et les partisans de l'Imam 'Alî, à qui le Califat devait revenir légalement et légitimement. Ainsi, lorsque Abû Sufiyân s'était réuni avec quelques dignitaires de Quraych, notamment le clan de 'Abdul Muttalib (le Clan du Prophète), il leur avait dit: «O les Banî Abdul-Muttalib! Le Califat est sorti des mains des Banî Hâchim (le Clan du Saint Prophète et de 'Alî) et transféré vers Abû Bakr. Et demain cet homme grossier ('Omar Ibn al-Khattâb) va nous gouverner. Relevez-vous, et allons chez 'Alî. Nous discuterons avec lui et nous lui prêterons, le cas échéant, serment d'allégeance. Après quoi, nous tuerons quiconque s'opposera à nous».
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