BILAL d'AFRIQUE'Omar fut très contrarié par ce discours et jeta sur Bilâl un regard plein de rage et d'animosité. Il quitta les lieux, l'air très irrité.(54) Bilâl Exilé Tous les efforts du califat en vue d'amener Bilâl à composer furent vains, et ne parvinrent nullement à entamer sa détermination. Il persévéra avec férocité, refusa toutes les promesses qu'on lui faisait, resta indomptable face aux menaces et ne se soumit jamais. En raison de la position hostile de Bilâl et de l'écho négatif que son refus de prêter serment d'allégeance à Abû Bakr laissa sur la société, le pouvoir califal décida de le punir. De crainte de voir d'autres personnes se joindre à Bilâl dans sa prise de position et le risque de trouble que cela pourrait entraîner, on suggéra que ce dernier soit banni de la Capitale et exilé dans un endroit lointain pour le mettre hors d'état de nuire, et pour que les gens finissent par l'oublier et oublier avec lui les reproches faits à l'encontre du calife. Mais certains conseillers du calife firent remarquer: «Si nous l'exilons ouvertement, nous serons encore plus blâmés. Il est possible d'ailleurs que l'Imam 'Alî y objecte. Et dans ce cas notre action produirait un effet contraire à celui escompté. Il vaudrait mieux donc que nous le soumettions à des persécutions et à des menaces afin qu'il soit obligé de quitter Médine de lui-même». Ce schéma fut approuvé par la majorité des conseillers, et subséquemment Bilâl commença à subir des persécutions jour et nuit et à faire l'objet, en permanence, de menaces de mort. A la fin il reçut le message suivant: «Soit tu prêtes serment d'allégeance à Abû Bakr et tu fais l'azan, soit tu quittes Médine».(55) Selon certains historiens, 'Omar dit à Bilâl: «Maintenant que tu ne fais plus l'azan, tu ne dois pas rester à Médine où tu peux devenir une source de corruption» et il le soumit à des pressions».(56) Ainsi, le porte-parole du mouvement de l'Islam fut placé devant un dilemme difficile: d'une part il lui était très pénible d'abandonner la Ville du Prophète (Madînat-al-Rasûl), et d'autre part il lui semblait impossible d'y rester. Il se demandait comment il pouvait demeurer à Médine et résister aux pressions. Après tout, comment pouvait-il quitter Médine, la tombe du Prophète (P) et les milliers de souvenirs que cette ville lui évoquait? Toutefois, il choisit finalement de partir dans l'espoir de pouvoir avoir plus de liberté pour réveiller les gens et leur expliquer que le Califat avait été usurpé et qu'il devait revenir à son ayant-droit. Il pensa qu'il était de son devoir d'expliquer la vérité aux gens. Rester à Médine l'empêchait de s'acquitter de ce devoir et pis, le conduirait à approuver, ne fût-ce que par son silence forcé, l'action du gouvernement, ce qu'il lui était impossible de faire, car ce fût approuver l'injustice.
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