BILAL d'AFRIQUE



D'autres surenchérirent: «Ah! Si la terre pouvait se fendre pour nous dévorer, car il est préférable d'être enterré vivant sous le sable que de vivre dans ce monde déshonorant».(49)

D'autres encore, tels Abû Sufiyân et Sohayl Ibn 'Omar qui semblaient être plus enragés que les autres dirent: «Nous ne pouvons rien dire pour le moment, car il est possible que Mohammad apprenne ce que nous disons et que nous ayons des ennuis en conséquence».

En réfléchissant sur ces propos futiles qui sortent des bouches des gens ignorants et à l'esprit tordu, on peut réaliser à quel point la discrimination raciale qui avait caractérisé l'ante-Islam (l'époque de la Jahiliyyah) prévalait encore dans la société islamique naissante de l'époque, où beaucoup de gens, à l'instar d'Abû Sufiyân, venaient d'épouser l'Islam contraints et forcés tout en étant encore fortement imprégnés de l'esprit jahilite. Ils se mirent tellement en colère, en voyant un Noir posséder la liberté et un pouvoir, qu'ils souhaitaient plutôt mourir que tolérer la liberté et la position de Bilâl.

Il ne fait donc pas de doute qu'il était très difficile d'opérer un changement radical et rapide dans ces pensées absurdes. Les chefs de tribus et les oppresseurs avaient pendant de longues années réduit les classes de dépossédés en esclaves pour s'enrichir et mener une vie confortable aux dépens de leurs victimes laissées dans la pauvreté extrême, l'ignorance, l'affliction et la faim.

A un moment où des Mecquois exprimaient de telles opinions que l'Islam ne saurait tolérer, l'archange Jibrâ'îl vint voir le Saint Prophète et lui révéla le verset suivant garantissant l'égalité des êtres humains:

«O vous les hommes! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle. Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez entre vous. Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah est le plus pieux d'entre vous». (Sourate al-Hujurât, 49 : 13)

Dans l'optique de l'Islam, il n'y a pas de différence entre un Blanc et un Noir, un riche et un pauvre, un Arabe et un non-Arabe, relativement à l'essence de l'être humain. Seule la pureté de l'âme qui émane de la piété et de la crainte révérencielle d'Allah est le critère de la préférence en Islam.

Ce verset du Saint Coran est la charte de l'égalité des êtres humains et la loi la plus juste que l'humanité ait jamais connue.

C'est la loi qui a été présentée à l'humanité pendant l'une des phases les plus critiques de son histoire, et qui a reconnu implicitement et d'une façon formelle les droits des Noirs et des autres peuples de couleur, tout en leur ouvrant, d'autre part, la voie de l'effort et du progrès. Dans l'histoire de l'humanité c'est seulement l'Islam qui s'est distingué par la promulgation d'une telle loi dès son avènement, loi abolissant la discrimination raciale. Et même aujourd'hui, parmi les codes civils du monde, celui de l'Islam est incomparable quant à sa façon d'interdire aux Musulmans toute velléité de discrimination vis-à-vis des gens de couleur.

Evidemment, la révélation du verset ci-dessus mentionné est une réplique cinglante et ferme à tous ceux qui, encore imprégnés de préjugés préislamiques, mais se voulant Musulmans, répugnaient à voir Bilâl occuper une haute position auprès du Prophète (P) et dans la communauté musulmane.



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