BILAL d'AFRIQUEUne tempête se déchaîna au plus profond de son coeur. On aurait dit que Bilâl avait atteint un autre monde et que son âme était au zénith des ciels, et survolait les hautes montagnes et les déserts arides, parcourant les prairies et les palmeraies verdoyantes pour clamer haut et fort que ces galaxies avec ces ciels et ces magnifiques étoiles et ce système minutieux qui les gouverne, que les levers et cochers du soleil et de la lune et l'apparition des quatre saisons et la création des êtres humains et des animaux de la nature, ne dépendent aucunement, dans leurs existence, d'idoles inertes, mais que leur Seigneur est certainement quelqu'un d'autre. Ainsi Bilâl leva sa tête vers le ciel et s'écria: «Je l'ai trouvé! Je l'ai trouvé! J'ai trouvé enfin ce qui préoccupait mon esprit pendant si longtemps. Oh! Comme j'avais tort!. »Ces idoles sans vie pourraient-elles être les créateurs de ce monde magnifique? Ces pierres taillées et sculptées de nos propres mains pourraient-elles être nos créateurs et les créateurs de la terre et des cieux? Une idole pourrait-elle apporter le jour et la nuit? Ces statues aux formes grossières pourraient-elles entraver et nuire au mécanisme minutieux et fragile de ce monde? »Non! Jamais! Elles ne possèdent point un tel pouvoir. J'avais tort. Les gens ont tort. Je dois aller voir le Messager divin qui a communiqué cet Appel vivifiant à l'humanité. Je peux lire cette vérité sur le visage lumineux et angélique du Messager. Je l'aime du fond du coeur . C'est un homme intègre qui s'est maintenu à l'écart de cette société corrompue et de ses abominables pratiques. Les mains criminelles de la société n'ont pas pu le vaincre. Il est le seul homme à s'être élevé courageusement contre les coutumes et les traditions honteuses de cette époque, et afin de se tenir loin de l'arrogance des gens il n'hésita pas à se réfugier une bonne partie de sa vie dans une grotte de la montagne. »Il semble qu'il ait trouvé la société tellement ignoble qu'il ne supportât plus de vivre parmi ses habitants, ce qui explique sa retraite spirituelle à l'écart de cette société et de ses pratiques viles et blâmables. Et il allait s'attacher dorénavant à réformer les mentalités et les murs dépravées de cette société corrompue». Vers La Bonne Chance Lorsque le soleil se leva progressivement, annonçant une chaleur torride, les rues qui grouillaient de personnes se vidèrent peu à peu et c'est à peine si l'on rencontrait parfois ça et là quelques mendiants ou nomades qui étaient venus dans la ville pour leurs affaires. Bilâl sortit du temple des idoles dans l'espoir de pouvoir rencontrer à cette heure désertée, son "ami". Son visage cachait mal une angoisse profonde et il était évident que des idées nouvelles occupaient son esprit. La chaleur ardente ne l'affectait point. On eût dit qu'il ne sentait pas la sévérité du climat. Il traversait les rues à la hâte, les unes après les autres jusqu'à ce qu'il arrivât au Masjid al-Harâm (la Ka'bah). Il avait entendu dire que le Saint Prophète avait l'habitude de venir la nuit pour prier Allah à côté de la Ka'bah. Il voulait donc le voir sans attirer l'attention des gens. Lorsque Bilâl entra dans le Masjid al-Harâm, il vit le Saint Prophète et son cousin l'Imam 'Ali, debout côte à côte en train de faire la prière. Bilâl poussa un soupir de soulagement. L'amour du Saint Prophète envahit toute sa personne. Des larmes de joie remplirent ses yeux. Il voulut s'approcher du Messager d'Allah afin de l'embrasser, mais il eut l'impression que quelqu'un le retenait et lui disait dans le fond de son cœur : «Attends, sois patient. Il se peut que quelqu'un te voie et que les choses tournent mal». Le feu de l'amour brûlait dans ses entrailles. Il ne pouvait plus détourner son regard du visage céleste de Mohammad (P). Ses yeux restèrent fixés et immobiles. Il se disait: «Voilà l'homme qui peut nous guider, nous les esclaves vers la prospérité. Voilà l'homme qui a apporté des nouvelles du Créateur de ce monde magnifique et c'est lui qui a un message pour moi concernant ce que j'avais perdu...».
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