BILAL d'AFRIQUE



La caravane se mit en route, mais l'angoisse persista. Chaque fois qu'ils faisaient un bout de route, ils regardaient derrière eux et fixaient leurs yeux sur la porte de la ville.

Plus ils s'éloignaient de la Mecque, plus leur espoir d'atteindre leur objectif grandissait, et plus ils marchaient à vive allure. Le temps passait vite. Ils se dirent les uns aux autres: «Nous devons nous dépêcher pour nous soustraire aux griffes de nos tortionnaires».

La fatigue, les troubles de l'esprit et la peur les rendirent soucieux et angoissés. Ils furent donc obligés de prendre la décision de s'arrêter et de s'asseoir sur un morceau de sable pour se reposer, mais aussi pour pouvoir bien vérifier s'ils étaient suivis ou non. Ayant regardé aussi loin que possible sans déceler les traces d'aucun poursuivant, ils eurent un nouveau soulagement, et se mirent à penser à la Mecque, à la Maison d'Allah, au Saint Prophète, aux Compagnons du Prophète, mais aussi aux visages abominables des infidèles des Quraych.

Après quelques minutes de repos, ils se remirent en route et continuèrent leur voyage avec tristesse. Ils marchèrent jusqu'à l'aube où la lumière s'apprêtait à se répandre.

Il faisait clair et une brise vivifiante soufflait. Le ciel était devenu brillant. La caravane des émigrants s'arrêta pour la prière. Tout le monde pria avec recueillement, oubliant tous les soucis et toutes les inquiétudes, concentrant leur attention sur le Créateur,

Lorsque le temps commença à devenir plus clair, ils reprirent leur voyage. Chaque jour où cette petite caravane s'éloignait un peu plus de la Mecque et s'approchait un peu plus de Médine, ses membres devenaient plus heureux, plus tranquilles et plus optimistes. Bilâl et ses compagnons avaient quitté leur terre natale, leur pays et se dirigeaient vers une terre étrangère pour s'y réfugier, ce qui était un peu dur pour tout le monde. Mais pour un homme aussi courageux que Bilâl, qui avait tellement souffert sur cette voie, cet inconvénient était presque insignifiant.

Chaque fois que les compagnons de Bilâl se plaignaient de leur éloignement de leur terre, de leurs maisons, de leur pays natal, il les consolait en leur disant: «Quiconque marche sur cette Voie d'Allah et y persévère, il réalise une victoire décisive. Allah ne laisse pas seul celui qui marche sur Son Chemin, mais l'aide, car Allah est toujours avec les gens pieux et ceux qui font bonne oeuvre».

En effet, émigrer pour la cause d'Allah est un acte hautement recommandé et fortement souligné dans le Coran. Il suffit de méditer sur les quelques versets suivants pour comprendre combien, l'émigration dans ce but, a des mérites et des récompenses spirituelles:

- «... ceux qui ont émigré, ceux qui ont combattu dans le Chemin d'Allah: voilà ceux qui espèrent la miséricorde d'Allah...». (Sourate al-Baqarah, 2: 218)

- «J'effacerai les mauvaises actions de ceux qui ont émigré, de ceux qui ont été expulsés de leurs maisons, de ceux qui ont souffert dans Mon Chemin, de ceux qui ont combattu et qui ont été tués. Je les ferai certainement entrer dans les Jardins où coulent les ruisseaux. Ce sera une récompense de la part d'Allah». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 195)



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