BILAL d'AFRIQUE



Bilâl avait été formé dans le giron de l'Islam pendant vingt-trois ans, et directement concerné par les différents événements qui avaient formé l'histoire de la jeune nation. Il avait reconnu et accepté l'Islam avec sincérité, et entendu tout ce que le Prophète (P) avait dit relativement à l'identité du dirigeant islamique et à la direction islamique.

Il était particulièrement conscient des remarques très claires et ne souffrant aucune ambiguïté, du Messager d'Allah concernant le Califat de l'Imam 'Alî, et savait pertinemment que le gouvernement actuel avait accédé au pouvoir contrairement aux ordres d'Allah et du Saint Prophète.

Il croyait sincèrement que seul, le Commandeur des Croyants, l'Imam 'Alî avait titre pour l'accession au Califat. Dans ces conditions sa réponse aux représentants du pouvoir ne pouvait être évidemment que négative.

Mais ces derniers ayant beaucoup insisté pour le convaincre d'accéder à leur demande, Bilâl répéta invariablement la même réponse, et ne prêta aucune attention à leur discours.

En refusant de réciter l'Azan comme jadis, Bilâl entendait obliger les gens à réfléchir et à se rappeler peu à peu l'époque du Saint Prophète et ses recommandations relatives à l'Imam 'Alî et à son Imamat. C'est pour cette raison d'ailleurs que lorsque les gens lui demandèrent pourquoi il ne faisait plus l'Azan, il répondit: «Après le Saint Prophète, je ne réciterai l'Azan à personne d'autre».

D'autre part, la non-participation de l'Imam 'Alî, de Salmân, d'Abû Tharr, de Zubayr, de Bilâl, de Miqdâd, de Sohayb etc...aux rassemblements formés habituellement dans la Mosquée renforça la position de Bilâl et amena les gens à mettre en doute la légalité du gouvernement et à s'y opposer.

L'administration califale s'inquiéta de la prise de position de Bilâl et essaya de le faire plier.

Et c'est cette inquiétude qui conduisit le Calife à envoyer officiellement quelques émissaires à Bilâl pour faire soumettre "cette tête noire et inflexible"(52) au Califat à tout prix, par des promesses alléchantes ou des menaces, l'appât de la fortune ou de la position.

Toutefois Bilâl n'était pas quelqu'un à ignorer la vérité. Il voyait l'Islam incarné par l'Imam 'Alî et croyait que même sans l'existence des recommandations du Prophète (P) le concernant, personne d'autre que l'Imam 'Alî ne convenait au Califat.

Il était convaincu que l'Islam authentique, se traduisait par l'attitude de l'Imam 'Alî et ses compagnons, même s'ils ne formaient qu'une minorité. Bilâl qui avait supporté tant de souffrances et de tortures pour la cause de l'Islam, ne pouvait pas voir cet Islam se transformer maintenant en un jouet de désirs matériels et un engouement pour le pouvoir.



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