LES RECITS DU CORANIl va de soi que le mot insensé n'honore nullement celui qu'il est qualifié, car le fait d'être insensé relève d'une forme de débilité. Or rien n'est plus démoralisant ni plus amer que le fait que le chef qui a pu induire en erreur un groupe de djinns se voit traité d'insensé par ses adeptes, alors même qu'il avait cru avoir réussi à les égarer. Mais l'importance du qualificatif "insensé" ne se limite pas à son impact négatif sur la personnalité du Satan, elle s'affirme aussi par l'impact qu'il laisse également sur le lecteur ou l'auditeur lui-même. En effet, lorsque ce dernier se rend compte que l'élément de scepticisme qu'a insufflé le Satan, a pour source un être insensé et souffrant de débilité mentale, il n'attache aucun crédit aux idées et aux insinuations d'une telle personnalité perverse, étant donné que l'esprit est normalement réceptif aux idées émises par une source saine. C'est exactement ce qui s'est passé avec cette élite consciente de djinns qui, dès lors qu'ils se sont rendus compte du caractère insensé du Satan, ont rejeté ses idées et se sont acheminés vers la foi en Allah et en le Message de l'Islam. * * * Poursuivons encore le discours de l'élite des djinns prononcé à l'adresse de son public. Ayant mis l'accent sur le caractère insensé du Satan, elle dit: «Nous pensions que ni les hommes, ni les djinns ne proféraient un mensonge contre Dieu».[171] Là une nouvelle situation se révèle. Car jusqu'à présent, les djinns n'ont parlé que du Satan, l'insensé, mais ici, ils évoquent les humains aussi et leur attribuent un qualificatif partageant le qualificatif des djinns, à savoir: le fait de proférer des mensonges contre Allah. La question qui se pose maintenant est pourquoi les héros des djinns ont-ils inséré l'élément "humain" dans cette partie de leur discours, alors qu'ils parlent de leur expérience propre? A notre avis, lorsque le récit évoque cette séquence et d'autres relatives aux humains, il visait ceux-ci également dans la mesure où il s'agit d'une affaire qui se rapporte à l'expérience de l'homme aussi, puisque c'est ce dernier qui se trouve le lecteur du récit qui met en scène une expérience de djinns.
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