LES RECITS DU CORANAinsi, au lieu de nous demander directement de nous doter d'un comportement fondé sur l'amour dans nos rapports humains terrestres, le récit l'a fait d'une façon indirecte plus subtile et plus suggestive, en nous informant que les gens du Paradis ne se font pas mal les uns aux autres ni ne s'accusent mutuellement, qu'ils se saluent aimablement et qu'ils se montrent affectueux les uns envers les autres. Ce comportement qui caractérise les gens du Paradis, le récit nous appelle à l'adopter dans notre vie terrestre, mais sans nous le dire directement et nous inspire la nécessité de nous entraîner et de nous accoutumer à éviter les paroles futiles et les propos blessants et à les substituer par un langage d'amour et des mots utiles. La seule différence entre nous-mêmes et les gens du Paradis, c'est que chez ces derniers l'absence de la parole futile et méchante ne résulte pas d'un conflit intérieur, alors que notre comportement à nous, qui vivons sur terre est fondé sur une structure de conflit, conflit que le Ciel nous demande de dépasser en acceptant de reporter (d'ajourner) la satisfaction du désir passager, et en nous entraînant à établir des relations fondées sur l'amour d'autrui et sur la suppression des propos vains dans notre langage. Ayant expliqué le procédé romanesque par lequel le récit nous a amené à en déduire le message idéologique, il nous faut maintenant traiter en détail des concepts : "absence de parole futile", "absence de péché", "salutation et Paix", présentés par le récit à la fin de la description du milieu des "premiers" à obéir à Allah dans les Jardins du délice qui leur sont destinés. Comme nous l'avons dit, ces derniers (les premiers à obéir à Allah) ne prononcent pas, au Paradis, des paroles inutiles: «Ils n'entendront là ni parole futile...». Or si nous transposons ce phénomène dans la vie d'ici-bas, nous remarquons que la "parole futile" peut se présenter sous différentes formes: parole sans finalité, parole de trop, plaisanterie, chant, polémique stérile etc... Et comme nous l'avons dit aussi, le récit vise (du point de vue artistique) à transposer cette vérité dans notre conduite terrestre afin de nous amener à corriger et à discipliner celle-ci à travers la phase de conflit qui caractérise le comportement humain dans la vie d'ici-bas. En effet, les traditions d'Ahl-ul-Bayt (P) nous commandent de nous taire lorsque la parole ne s'avère pas nécessaire. Et dans le domaine des maladies psychologiques, les Ahl-ul-Bayt (p) citent comme l'une d'elles l' "amour de parler", défaut dont il faut absolument se départir, par l'effort et l'exercice de l'âme. Il est évident que lorsque quelqu'un a l'habitude de dire n'importe quoi, alors que la situation ne requiert pas qu'il parle, il cherche à attirer l'attention sur sa personne atteinte d'un complexe d'effacement et d'infériorité et essaie par tous les moyens de s'affirmer. Quant à une personnalité saine, la confiance en soi, en son indépendance et en sa qualité, suffit à conjurer cette vile propension à dire n'importe quoi uniquement pour parler. * * *
|