LES RECITS DU CORANTout ceci afin de préserver le Bienfait accordé par Allah à un peuple, en l'occurrence, les Quraych, lesquels avaient bénéficié d'un autre Bienfait divin, à savoir les caravanes commerciales d'hiver et d'été, qui leur permettaient de vivre dans la tranquillité, à l'abri de la faim et de toute menace de razzias des ennemis. Jusqu'ici, le lecteur de ce récit peut déduire que cette histoire se rapporte à un peuple (les Quraych) et à la Ka'ba à l'ombre de laquelle vit ce peuple. De l'apparence du récit, tout ce que le lecteur comprend se résume ainsi: il y a une attaque des ennemis (les Gens de l'Éléphant) qui visaient la Maison Sacrée et ils ont été anéantis; les Quraych ont eu la vie sauve en conséquence, et ont pu préserver leur vie économique à travers les caravanes d'hiver et d'été; ils devraient par conséquent, apprécier ces Bienfaits qu'Allah leur avait prodigués, et adorer le Seigneur de cette Maison, Qui les a mis à l'abri de la faim et de la peur. En dehors de ces éléments, le lecteur ignore tous les détails relatifs aux causes de l'attaque, à la détermination de l'identité des assaillants et du lien du personnage animal (l'éléphant) avec lesdits assaillants; de même qu'il ignore les détails relatifs aux caravanes d'hiver et d'été et au lien de ces caravanes avec la péripétie de l'attaque. Cependant l'ignorance de ces détails, n'empêche pas le lecteur de déduire la signification morale ou idéologique du récit, laquelle vise à attirer l'attention sur le fait que les Bienfaits d'Allah sont innombrables, qu'Allah est à l'affût de quiconque a la moindre velléité de porter atteinte aux lieux saints, et que ceux qui ont vécu sous l'égide de la Maison Sacrée ne doivent pas oublier ces Bienfaits. Cette signification (morale ou idéologique) se dégage avec d'autant plus d'évidence que le récit omet de présenter des détails techniques que les textes de tafsir se chargent d'expliquer et que le lecteur averti peut deviner en s'ingéniant à en rechercher les indices à travers les procédés artistiques de ce texte romanesque concis, comme nous allons le voir tout de suite. * * * Les textes de tafsir nous informent qu'Abraha qui était le Gouvernant éthiopien du Yémen avait décidé de détruire la Ka'ba en raison de sa foi tortueuse et pour d'autres motifs qu'il n'est pas utile d'introduire ici. Aussi marcha-t-il, à la tête de son armée dirigée par un éléphant - dont il vantait les mérites publiquement - sur la Mecque. Mais au lieu de se montrer à la hauteur des espoirs mis en lui, l'éléphant s'est couché et a refusé d'entrer dans la Ka'ba. Cette péripétie constitue le premier signe de l'échec de l'attaque. Cependant il y a une autre péripétie qui contrairement à la précédente, présente un indice du cheminement triomphal de la marche de l'ennemi, puisque d'après certains textes de tafsîr, il semblerait que les Quraych aient été terrifiés par cette marche, et qu'ils se soient réfugiés sur les sommets des montagnes en se disant: nous ne pouvons pas affronter ces gens (de l'éléphant). Une troisième péripétie a accompagné cette action militaire: l'armée des assaillants s'était emparée des chameaux de 'Abdul-Muttalib, lequel était resté, avec quelques autres, pour garder la Maison Sacrée. Aussi 'Abdul-Muttalib a-t-il demandé à Abraha de lui restituer ses chameaux, demande qui laissa une impression négative chez ce dernier, lequel lui dit à peu près ceci: «Je croyais que tu allais me demander de quitter la Ka'ba, mais tu me surprends en me réclamant quelque chose d'intérêt personnel. Là 'Abdul-Muttalib lui aurait répondu: «La Maison a Son Seigneur qui se charge de sa protection»[206].
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