LES RECITS DU CORANEn tout cas, le récit des "Gens de l'Éléphant" a adopté l'élément de l'image poétique pour décrire la fin de l'ennemi, visant par ce procédé artistique à souligner les détails les plus précis de la défaite. Et que l'anéantissement de l'ennemi fût le fait du transpercement des corps de cet ennemi par les pierres, ou la conséquence de la dislocation de leurs chairs provoquée par la variole des pierres, le résultat reste le même: l'anéantissement physique d'une façon particulière, en l'occurrence la dislocation et la dissémination de leurs corps progressivement ou d'un seul coup, soit par le transpercement soit par le grattage. Mais examinons plus profondément les significations et la force de l'image: «semblables à des tiges de céréales mâchées» ou «rendus semblables à de la paille mangée et excrétée», qui décrit la fin de l'ennemi, car elle est très révélatrice des éléments du sujet dont nous traitons. Que peut signifier cette image qui compare la dislocation et la dissémination des corps de l'ennemi à une paille que les bêtes auraient mangée et excrétée, et qui a été par la suite piétinée jusqu'à ce qu'elle fût disséminée ça et là ? Nous savons que le critère de la beauté et de l'excitabilité de l'image poétique est sa capacité de mettre en évidence ce qui est commun dans ses deux extrémités et qui est plus révélateur et plus expressif de l'objectif visé par elle (l'image), d'une part, et que sa structure doit se caractériser par l'originalité, la nouveauté et la créativité, d'un côté, et être familière à l'esprit, de l'autre. Si cette structure n'est pas familière à l'esprit, c'est-à -dire si elle est ambiguë ou entourée de brouillard par exemple, ou encore, si elle n'est ni nouvelle, ni originale ni créative, en un mot, si elle est usée et banale, dans tous ces cas l'image poétique se dévalorise. Ceci dit, si nous revenons à l'image dont il est question «IL les a rendus semblables à une paille mâchée et excrétée», nous constaterons qu'elle réunit tous les ingrédients requis dans la conception d'une bonne image artistique, et même va au-delà . Car, tout d'abord, c'est une image familière à l'esprit, une image que tout le monde a l'occasion de voir, notamment à la campagne, la paille que les montures mangent et excrètent, et qu'on piétine au point qu'elle se répande dans les sentiers, les gens le voient couramment et cela ne nécessite pas un travail de l'esprit pour se le représenter. Quant à l'originalité et à la nouveauté de cette image artistique, elle est évidente, puisqu'une telle image consiste à représenter une chose de semblable à une autre chose sans qu'il y ait d'élément introduisant formellement une comparaison. Y a-t-il quelque chose de plus original et de plus nouveau que cette image qui établit une comparaison entre la dissémination de la chair des ennemis et celle de la paille mangée et expulsée sous forme d'excrément parsemé à force de piétinement?
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