LES RECITS DU CORAN



Tandis que dans celle du "nourrissement", il a donné la parole aux héros pour qu'ils s'expriment eux-mêmes: «Nous vous nourrissons pour plaire à Allah Seul; nous n'attendons de vous ni récompense, ni gratitude».[187] «Nous redoutons de la part de notre Seigneur un Jour menaçant et catastrophique».[188]

Ce passage du procédé de narration au procédé de dialogue revêt sans aucun doute une grande importance dans la mesure où il permet de dégager, comme on va le voir, les significations idéologiques que le récit vise. Quelle est cette importance?

D'aucuns pourraient dire, relativement aux héros du récit, que lorsque ceux-ci avaient fait une promesse à Allah, le problème de la tenue de cette promesse restera une affaire entre eux et leur Créateur et ne s'étendra pas à d'autres. Toute l'affaire consiste en un jeûne de trois jours, et il fut accompli convenablement. Ceci ne requiert ni dialogue ni personnages.

En revanche, la question du "nourrissement" a trait à d'autres personnages, "l'indigent", "l'orphelin" et "le captif" à qui le repas est offert, ce qui a nécessité qu'on dise à leur attention, les propos suivants, soit en leur adressant la parole directement, soit en parlant à soi-même silencieusement, soit en formant la parole mentalement: «Nous vous nourrissons pour plaire à Allah, ... nous redoutons ...».

Les textes de tafsîr jettent sur ce sujet suffisamment de lumière pour permettre de le comprendre clairement. Certains de ces textes affirment que l'un des personnages, l'Imâm 'Alî (p) s'est adressé à Allah dans les termes suivants, après avoir offert le repas: «Ô notre Dieu, remplace notre repas que nous avons manqué par ce qui en est meilleur».

Mais comme on peut le constater, cette affirmation, en supposant que ledit tafsîr soit crédible, relie ce dialogue à Allah et non aux pauvres à qui cet énoncé: «Nous vous nourrissons pour plaire à Allah ...» est manifestement adressé.

D'autres textes de tafsîr nous donnent une explication plus pertinente en affirmant: «'Alî (p) n'a jamais prononcé ni formé cette parole «Nous vous nourrissons pour plaire à Allah; nous n'attendons de vous ni récompense, ni gratitude», mais c'est Allah Qui a su que, dans son coeur (esprit ), 'Alî (p) a nourri pour plaire au Ciel, et IL lui a fait savoir ce qu'IL sait de ce qui se passe dans son coeur et qu'il ne prononce pas.

Selon un autre texte exégétique: Par Allah, ils ('Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussain) n'ont pas prononcé ces propos. Ils les ont formés dans leurs esprits seulement, mais c'est Allah Qui les a informés de ce qu'ils avaient formé mentalement.

Ces deux derniers textes de tafsîr, éclaircissent complètement le sujet, en affirmant que les héros n'ont pas adressé ces paroles aux indigents, ou bien plus, ils ne les ont pas même dits silencieusement à eux-mêmes, mais qu'ils les ont conçus dans leurs esprits, et qu'Allah a su ce qu'ils ont pensé et l'a fait savoir.

La question qui se pose encore est: Quelle est l'explication artistique d'un tel monologue intérieur?



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