LES RECITS DU CORAN* * * Continuons à suivre la description faite par le récit coranique de la nourriture et de la boisson et examinons cette description avec notre optique terrestre. "Les premiers" à avoir obéi à Dieu boivent donc dans des coupes, des aiguières et des jarres une boisson coulante, c'est-à -dire quelque chose qui coule comme le fleuve, ou le fleuve lui-même. Il ne faut pas perdre de vue que la qualité de ce qui coule est très évocatrice pour la satisfaction d'un besoin vital et d'un besoin esthétique. En effet, tout ce qui coule, comme le fleuve et qui est perceptible par l'oeil, porte plusieurs significations. Lorsqu'on laisse promener son regard sur un courant abondant et inépuisable, on se sent rassuré et on ressent un équilibre intérieur dépouillé de toute angoisse relative aux perspective de l'avenir. Le courant exubérant, bien fourni, permanent, procure en même temps un plaisir esthétique pour l'oeil, car la vue du fleuve évoque une beauté et une attirance. Mais le récit coranique couronne tous ces plaisirs et bien-être dont jouissent nos héros du Paradis par une qualité bien particulière, difficilement concevable pour un esprit terrestre, lorsqu'il ajoute: «dont ils ne seront ni excédés, ni enivrés».[109] Ce commentaire, nous le comprendrions sans doute mieux lorsque nous le transposons dans notre expérience ou vie terrestre où la structure de la physiologie humaine est faite de telle sorte que les pulsions cherchent à être satisfaites d'un côté, et qui seront satisfaites effectivement de l'autre. En d'autres termes notre organisme est fait de telle manière qu'il provoque en nous la sensation (ou la pulsion) de la soif, et ce besoin (ou cette sensation) sera satisfait une fois que nous aurons bu une quantité déterminée d'eau, qui correspond au besoin de l'organisme. Mais si nous imaginons que le processus de la satisfaction de ce besoin (de boire) serait un processus continuel et ininterrompu, qui ne soit pas précédé d'une "tension" (le besoin impérieux de boire) par exemple, ou que cette "tension" ne soit pas associée (comme cela se produit dans notre vie d'ici-bas) à des possibilités d'échec (non-satisfaction du besoin) ou tout simplement à la crainte de l'échec, si nous concevons donc une telle structure ou physiologie nouvelle de l'être humain auprès de Dieu, nous saisirons mieux et plus clairement la valeur du boire que nous n'interrompons pas, dont nous ne serons pas saturés et qui ne nous cause aucune nuisance, et ce même sans nous limiter à une quantité convenable de la boisson consommée. N'est-ce pas le plaisir illimité! Du même coup, nous comprendrons mieux le sens de ce commentaire qui nous laisse transposer notre processus de satisfaction de besoins (de boire) dans la vie de l'Au-delà où les habitants des Jardins du délice peuvent boire à leur volonté sans crainte et sans inquiétude aucune. En un mot, le plaisir dans la vie terrestre à un début et une fin, alors qu'il est infini pour les habitants du Paradis. De là nous percevons clairement combien est considérable et immense le don ou le bienfait que le Ciel accorde à Ses serviteurs les plus pieux.
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