LES RECITS DU CORAN



La question qui se pose maintenant est: les héros d'Ahl-ul-Bayt (p) «en nourrissant les pauvres» et en formant alors leur pensée à la deuxième personne (vous): «Nous vous nourrissons» pour plaire à Dieu; nous n'attendons de vous ni récompense ni gratitude», leur pensée était-elle porteuse d'une signification particulière pour que le récit la mette en exergue de sorte que le lecteur la perçoive clairement et s'en serve pour façonner et corriger sa conduite chaque fois qu'il accomplit un acte d'adoration?

Il est indubitable que les personnes visées par le pronom personnel "vous", en l'occurrence, "l'indigent", "l'orphelin" et "le captif" n'ont pas entendu les propos conçus à leur adresse mais non traduits en parole prononcée, ce qui signifie par conséquent que le fait de penser dans un langage au vocatif revêt une importance certaine, dans un tel cas, sur le plan de la qualité de l'acte d'adoration chez l'homme.

A notre avis, l'importance artistique d'un tel monologue intérieur adressé aux "pauvres" tient au fait que lorsque les héros qui sont soucieux d'aider ces derniers (les pauvres), s'adressent à eux (mentalement seulement), c'est pour exprimer leur souci d'aider autrui, mais que, étant donné qu'ils ne recherchent ni la gratitude des pauvres ni aucune considération mondaine, ils ne traduisent pas leur souci de bienfaisance en langage parlé, mais se contentent de s'adresser à eux par la pensée.

Or, il n'y a aucun doute qu'une telle noble attitude revêt une grande importance. Elle révèle la tendance philan-thropique de l'homme, montre le souci des pieux d'aider les autres et de subvenir à leurs besoins, à un tel degré que ce souci occupe une surface d'autant plus grande de leur pensée qu'il risque de déborder et de se trouver sur le point de s'exprimer en paroles adressées directement aux autres et traduisant un amour altruiste exubérant.

Mais étant donné que leur amour d'autrui émane de leur amour pour Allah, ils le gardent pour eux-mêmes, et ne le déclarent pas aux autres; il ne s'exprime que sous forme de monologue intérieur ou au niveau de la pensée.

Telle est donc la subtilité artistique du recours à ce monologue intérieur que le récit a prêté à ses héros pieux pour nous conduire, nous les lecteurs, à revoir notre attitude et à la calquer sur celle de ces héros, lorsque nous apportons notre aide aux autres et à pourvoir à leurs besoins, et dans tous nos actes d'adoration. Car, autre-ment, tout acte d'adoration qui s'associerait au désir d'obtention d'un témoignage de reconnaissance ou d'un acquis personnel, la considération sociale, par exemple, perdra tout son effet auprès d'Allah.

* * *

Là, le récit touche à sa fin, pour ce qui concerne les héros qui y évoluaient. Il a commencé par la présentation des Pieux et du milieu (le Paradis) qui leur est préparé: «Les Pieux boiront à une coupe dont le mélange sera de camphre. Les serviteurs d'Allah boiront à des sources qu'ils feront jaillir à leur convenance».[190] Puis, il a quitté le Paradis et sa boisson avec ses coupes et ses sources, pour ramener les péripéties vers la vie ici-bas, où il nous a décrit par un procédé romanesque original que nous avons déjà expliqué, l'aspect de la conduite des héros, pour lequel le titre de pieux leur fut décerné et cette position enviable de Paradis leur fut accordée.

Maintenant le récit retourne au milieu du Paradis pour en poursuivre la description:

«Mais Dieu les a protégés du malheur de ce Jour. IL leur fera rencontrer la fraîcheur et la joie.



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