LES RECITS DU CORAN* * *
Là , une question de la première importance, relative à la technique romanesque, ne manque pas d'être soulevée: le récit coranique se caractérise par sa précision totale, sa sélectivité et sa concision dans la narration des événements et dans la description. Lorsqu'il présente un élément romanesque, il ne le fait pas une seconde fois, comme on l'a vu à propos des fruits. Ainsi, le récit a parlé d'abord de l'élément (plante ou arbre) et établi à travers lui une comparaison entre la différence de degré chez les croyants, puis il a abordé l'élément (eau) et fait à travers lui une comparaison dans le même sens, ensuite il a présenté l'élément (fruits) pour montrer à travers lui la différence de traitement réservé aux différentes catégories de croyants. Et puisque la distinction entre les différentes catégories de croyants à travers les éléments "fruits" a été faite une première fois dans les versets 52: «où il y aura deux espèces de tous fruits», et 68: «ces deux Jardins contiennent des fruits, des dattiers, des grenadiers», pourquoi le récit n'a-t-il pas inséré ici même l'autre privilège attaché aux fruits, à savoir: «et les fruits des deux Jardins seront à leur portée» (verset 54), qu'il évoquera lorsqu'il décrira l'élément (lit), lequel constitue pourtant un élément indépendant auquel le récit a réservé une place à part? La réponse à cette question fait ressortir clairement la valeur artistique du récit coranique, et redouble notre intérêt et notre admiration pour cet art grandiose. Lorsque le récit décrit les lits et les coussins réservés aux croyants respectifs des Jardins supérieurs et des Jardins inférieurs, il vise à faire la distinction entre les privilèges accordés aux premiers et aux seconds, à travers le haut degré de luxe ou de bien-être attaché aux privilèges des personnages des deux Jardins supérieurs. Et puisque ce luxe a atteint un si haut degré pour ceux-ci que même les revers de leurs lits sont de brocart avec tout ce que cela implique de douceur, velouté, et d'absence de toute rudesse, cela signifie que le Ciel veut leur assurer une ambiance de repos total et leur éviter tout effort ou mouvement corporel qui perturberait ce repos absolu et constituerait un élément discordant avec cette ambiance de douceur et de tranquillité totale. Aussi a-t-il ajouté au confort et au luxe de leurs lits ou coussins, la possibilité de cueillir de leurs mains ou même de leurs bouches les fruits suspendus juste au-dessus de leurs têtes, et de les manger, tout en restant allongés, étendus ou accoudés sur leurs lits, sans se donner la peine de se lever pour les chercher, ou sans être dérangés dans leur quiétude par d'éventuels serviteurs qui viendraient les leur apporter. N'est-ce-pas le plus haut degré absolu de luxe et de bien-être? * * * Les Houris, c'est le cinquième et dernier des éléments communs de l'environnement des deux couples de Jardins paradisiaques. Concernant cet élément, le privilège ou le détail distinctif dont jouissent les personnages des deux Jardins supérieurs est évident et saute aux yeux, dès qu'on fait une lecture comparative de la description faite à cet égard dans les deux couples de Jardins. A propos des deux Jardins supérieurs, il est dit: «Là , ils rencontreront celles (les Houris) dont les regards sont chastes et que ni homme ni djinn n'a jamais touchées avant eux».[88]
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