LES RECITS DU CORAN* * * Il est à noter que le récit a présenté trois types de démunis: "l'indigent", "l'orphelin" et "le captif", chacun d'eux incarne une sorte particulière du besoin matériel, associée à ses traits psychologiques. Ainsi, l'indigent est celui qui manque de tout en général, car il ne possède rien. L'orphelin est marqué par la perte d'un père qui devrait l'entourer de ses soins affectifs et matériels. Le captif se caractérise par un autre trait psychologique, à savoir son dépaysement social. Lorsque le récit choisit ces types de démunis qui, bien qu'ils diffèrent dans leurs traits psychologiques, ont en commun la pauvreté, il met en exergue l'importance de l'offre de la nourriture, et sa contribution diverse à toutes les formes de la satisfaction de leurs besoins, avec toute la joie que cela suscite chez chacun des pauvres nourris, ainsi que chez les nourrisseurs eux-mêmes, lorsqu'ils seront récompensés, le Jour Dernier, par la nourriture exquise du Paradis, que le récit s'est évertué de décrire. En d'autres termes, il faut que le lecteur se rende compte de l'équilibre artistique dans le récit entre la satisfaction alimentaire que les pieux procurent aux affamés, et la diversité de type d'affamés d'une part, et la satisfaction alimentaire que le Ciel procure aux premiers et la variété de sortes de satisfaction qui attend ces héros. Cet équilibre architectural entre ceux qui nourrissent et ceux qui sont nourris, dans le bas-monde, et la récompense qui attend les premiers dans l'Autre-monde révèle l'un des aspects artistiques que le lecteur de l'oeuvre coranique ne devrait pas manquer de remarquer. En tout état de cause, lorsque le récit attire notre attention sur l'importance du don alimentaire, il propose un concept particulier à cet acte, à savoir que l'offre de nourriture doit être faite pour l'amour d'Allah et non dans le but de se faire une bonne réputation ou d'obtenir la gratitude des gens. Tel est le quatrième et dernier des devoirs que le récit a présentés. Mais ce devoir ou cet acte revêt une importance primordiale dans le domaine de l'exercice au détachement de soi-même. Aussi le récit lui a accordé une place particulière et en a fait, le seul critère de la justesse de la conduite tout en lui attribuant le mérite de la récompense du Jour Dernier et lui appliquant le titre de "pieux", auquel ce récit lui a été consacré, comme nous allons le voir bientôt. * * * Il y a différents types d'hommes qui font le don de nourriture et qui distribuent de l'argent aux pauvres, mais cet acte en soi n'est pas forcément révélateur d'une conduite saine ou d'une marque d'abnégation chez le "bienfaiteur". Bien plus, le don de la nourriture et la générosité en général pourraient devenir un indice d'un défaut chez le donateur, lorsque celui-ci vise par son acte de générosité à redorer son image ou à arracher des remerciements. En d'autres termes il recherche, en agissant ainsi, une satisfaction personnelle et ne fait que s'enfoncer dans son égocentrisme.
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