LES RECITS DU CORANL'explication romanesque ou artistique de ce silence que le récit a tissé autour de la caravane d'hiver et d'été comporte un trait esthétique plaisant que la fin du récit lui-même révélera. En effet lorsque le récit réclame l'adoration du Seigneur de la Maison (Lequel a protégé celle-ci contre l'invasion des Abyssins, préservé les Quraych de la famine et les a délivrés de la peur): «Qu'ils adorent le Seigneur de cette Maison ...», le lecteur est invité de nouveau à méditer sur l'allusion faite par le récit au "Seigneur de cette Maison" pour comprendre la profondeur artistique de cette allusion riche en indications que le lecteur peut lui-même déduire. L'évocation de la "Maison Sacrée" rappelle au lecteur que c'est cette Maison même que les Abyssins avaient tenté d'envahir lorsqu'Allah les a anéantis. La Maison Sacrée rappelle en même temps au lecteur qu'il s'agit de la même Maison à l'ombre de laquelle vivaient ces gens dont parle le récit en soulignant qu'ils bénéficient des bienfaits du Ciel, dont celui qui leur procure la caravane d'hiver et d'été. Mais la caravane d'hiver et d'été demeure encore entourée de flou dans l'esprit du lecteur. De quelle façon va-t-elle être signalée à l'attention de l'esprit? D'une manière artistique indirecte: le récit se termine par «Le Seigneur de cette Maison», qui «a nourri les Quraych, les a préservés de la famine et les a délivrés de la peur», de telle sorte que le lecteur déduise que la nourriture et la sécurité sont liées à «la caravane d'hiver et d'été». Donc, la caravane d'hiver et d'été que le récit a rappelée aux Quraych n'est que les données qui lui sont associées: les bienfaits de la nourriture dont ils étaient pourvus et les bienfaits de la sécurité et de la paix qui les mettent à l'abri de la peur. * * * Enfin, la mention des détails de la nourriture et de la sécurité ne comporte pas une nécessité romanesque, étant donné que le but romanesque est le rappel des bienfaits et non leurs détails. De là , ce sont les textes de tafsîr qui se chargent de cette tâche secondaire et ils nous disent approximativement ceci, à ce propos: Le territoire Sacré est une terre stérile. Les Quraych vivent de leur commerce extérieur. Le Ciel a assuré à ce territoire deux caravanes: une pendant l'hiver, à destination du Yémen, à cause du climat chaud de cette région; l'autre pendant l'été, à destination de la Syrie, à cause du climat frais de cette région. Ceci concernant le besoin en nourriture. Quant au besoin de sécurité, les textes de tafsîr indiquent à ce propos que le Ciel a insufflé le sentiment de révérence envers la Maison Sacrée dans les coeurs des gens. C'est pourquoi, personne n'osait s'attaquer à ces caravanes dès lors que les responsables de celles-ci annoncent «nous sommes les gens de la Maison d'Allah». Même à l'intérieur de la Presqu'île Arabe, un habitant de la Mecque, s'il est capturé, on le libère et on lui rend ses biens, pour la même raison. Moralité, le rappel de ces bienfaits (de la façon artistique présentée par le récit) explique la signification du récit, lequel vise à attirer l'attention - non pas d'un peuple en particulier, mais de toute l'humanité d'hier et de demain - que les bienfaits d'Allah sont innombrables et qu'il est nécessaire que les gens les apprécient et les estiment, autrement, Allah a le Pouvoir d'en priver quiconque tente de porter préjudice au Message de l'Islam, et même de l'anéantir, comme furent anéantis avant, ceux qui avaient été plus puissants.
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