LES PROBLEMES MORAUXL’acquisition des valeurs morales et spirituelles est le but premier de l’existence et le plus important, plus précieux des avoirs. Celui dont l’âme déborde de trésors, ressent moins le besoin de recourir au monde matériel; il réalise une sorte d’indépendance qui ne le quittera qu’a vec la vie. Une telle personne ne troquera pour rien au monde sa riche personnalité. * * *
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Le cupide est toujours sur sa faim:
La cupidité est un état de l’âme qui incite à l’accaparement et à l’accumulation des richesses, au point que celles-ci deviennent l’axe et une préoccupation principale. Cette propension regrettable procède de la concupiscence, et est l’un des facteurs de désarroi et de malheur de l’engeance humaine. Elle entretient - une illusion de bonheur; et un attachement si puissant aux choses de ce monde qu’on lui sacrifie toutes les valeurs. Schopenhauer: «La limite de nos désirs raisonnables se rapportant à la fortune est difficile, sinon impossible à déterminer. Car le contentement de chacun à cet égard ne repose pas sur une quantité absolue, mais relative, savoir sur le rapport entre ses souhaits et sa fortune; aussi cette dernière, considèrée en elle-même, est-elle aussi dépourvue de sens que le numérateur d’une fraction sans dénominateur. L’absence des biens auxquels un homme n’a jamais songé à aspirer ne peut nullement le priver, il sera parfaitement satisfait sans ces biens, tandis que tel autre qui possède cent fois plus que le premier se sentira malheureux parcequ’il lui manque un seul objet qu’il convoite. Chacun a aussi, à l’égard des biens qu’il lui est permis d’atteindre, un horizon propre, et ses prétentions ne vont que jusqu’aux limites de cet horizon. Lorsqu’un objet situé en dedans de ces limites, se présente à lui de telle façon qu’il puisse être certain de l’atteindre, il se sentira heureux; il se sentira malheureux au contraire, si, des obstacles survenant, cette perspective lui est enlevé. Ce qui est placé au-delà n' a aucune action sur lui. C’est pourquoi la grande fortune du riche ne trouble pas le pauvre, et c’est pour cela aussi, d’autre part, que toutes les richesses qu’il possède déjà ne consolent pas le riche quand il est déçu dans une attente (la richesse est comme l’eau salée: plus on en boit, plus elle altère; il en est de même aussi de la gloire).»196 Oui, comme dit le poème iranien: «Les richesses des deux mondes, ne suffiraient pas pour combler le cupide. Il brûlera toujours du feu de la possession.» La cupidité peut transformer une communauté en un champ de rivalités et de querelles, et en faire disparaî tre la paix, la stabilité et la sécurité, en opposant les intérêts des uns à ceux des autres. Plus de place alors au développement de l’éthique. Notons qu’il existe une différence fondamentale entre la passion de l’argent et le progrès, même matériel. Ce sont des choses distinctes. Rien n’empêche le genre humain d’aspirer au progrès et à la promotion, en faisant usage des facultés et aptitudes naturelles des individus.
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