LES PROBLEMES MORAUX* * *
L’amour de soi est un instinct ancré en l’homme depuis l’aube de la création. C’est lui qui le pousse à l’activité permanente, le préserve de la mort, même quand il y aspire. C'est à cause de cet instinct que l’humanité sait identifier et fuir tout ce qui pourrait lui nuire, et découvrir les moyens d’assurer sa stabilité. Cette manifestation de l’esprit contribue alors grande ment au progrès de l’homme, à son perfectionnement; et la civilisation humaine en général lui est beaucoup redevable. Mais le bonheur de l’homme n’est assuré que s’il se garde de tout excès dans ses penchants. Par conséquent, pour satisfaire modérément cet amour de soi, et favoriser l’éclosion de toutes les qualités et de tous les dons moraux, il faut les soumettre au contrôle de la raison. Car c’est l’intelligence qui doit guider les hommes, et non leur instinct. L’intellect canalise les énergies vitales, les empêche de se rebeller, et d’outrepasser des limites sagement fixées. La faculté intellectuelle qui a une fonction majeure dans l’édification de la personnalité rectifie tout débordement corrige notre perception des choses. Quand l’égoïsme trouve le champ libre, il obstrue la perspicacité de l’esprit. Celui qui est atteint de ce mal, n’en fait qu’à sa tête, se pervertit jusque’à tomber dans le gouffre de la corrup tion et du malheur. Ce que l’on reproche à l’amour- propre ne se rapporte en effet qu’à ses formes abusives et morbides qui échappent à l’ordre dicté par la raison. Le degré de promotion des individus dépend direc tement de leur rang spirituel et moral. La plupart des vices moraux naissent de notre propre déséquilibre dans la satisfaction de nos penchants et de notre appréhension erronnée et trop passionnelle des problèmes. Les possibilités de l’homme sont réellement très vastes, et chacun a la base nécessaire pour obéir à ses sentiments rationnels authentiques. Mais rien ne lui est plus important et plus lourd que de modérer ses sentiments et ses instincts, entre autres l’amour de soi.
|