LES PROBLEMES MORAUXLes uns courent après la richesse et les biens matériels, et s’y dépensent sans nulle paresse, d’autres recherchent la célébrité et la grandeur. Les préoccupations des hommes dépendent de leurs besoins corporels, et de leur accomplissement spirituel. Les aspirations diffèrent en fonction du niveau de compréhension. Mais il faut noter qu’elles n’engendrent le bonheur que si elles sont compatibles avec nos besoins spirituels et, aidant à notre promotion intellectuelle, éclairant les voies, nous sauvant des ténèbres de la misère et de l’infortune. Il arrive qu'un instinct, comme l’ambition ou la cupidité, échappe au contrôle, et mette l’âme sur la voie de la perdition. Parmi ces aberrations de l’instinct, l’envie se présente comme une passion excessivement déviée, emprisonnant la conscience et empêchant l’homme de parvenir à ses justes fins. Le malveillant ne supporte pas de voir quelqu’un dans le bien-être. Voyant les autres jouir de toutes les faveurs, il ressent continuellement le poids d’un malaise. On dit que Socrate aimait à répéter que l’envieux dépérit et maigrit rien que de voir 1’embonpoint des autres. Le jaloux passe son temps à se torturer l’âme de remords et à attiser en soi la flamme de l’inimitié. Il souhaite malheur et infortune à tout le genre humain et recourt à la ruse et à la tromperie pour le frustrer de son bonheur. Un grand écrivain a dit: «Comme une ville sans forteresse ni muraille protectrice, nos âmes courent le danger de tomber aux mains de brigands qui en troubleraient la sérénité. Le moindre vent peut alors démonter la mer de nos émotions et donner l’occasion à plus d’une passion ennemie de s’incruster dans notre âme et d’y imposer sa loi jusqu’au dernier souffle. Tout malade même ignorant sait qu’il doit consulter un médecin traitant, mais le malheureux atteint du mal de l’envie doit brûler, souffrir et se taire.»
|