LES PROBLEMES MORAUX«Les sentiments humains sont comme une double réserve: Ceux qui ont pu établir un équilibre entre leurs forces intérieures, et ont concilié leur coeur et leur raison, sont certainement engagés sur la voie du bonheur, avec une volonté sans faille, sûre du succès, et sans faiblesse aucune. Il est vrai que les choses ont pris de nos jours une allure, un dynamisme et un enthousiasme qu’on qualifierait d’électriques. Il est vrai aussi que l’humanité est parvenue grâce à ses facultés intellectuelles, aux profondeurs des océans et des mers. Jules Romains écrit: «Les sciences ont progressé à notre époque, mais les instincts et tendances sont demeurés à leur état primitif. S’ils progressaient à leur tour, en harmonie avec la raison et la science, nous pourrions dire que l’homme a progressé dans la civilisation, elle- même fruit de sa pensée et de sa bonne volonté.» Oui le sort final d’une civilisation qui ne mettrait pas les valeurs morales au premier rang, et en combattrait même les principes, ne saurait être que l’anéantissement et la perdition, du fait même de la loi de l’équilibre. La persistance de la misère et de l’imperfection que l’on observe dans les société contemporaines constitue un des aspects de la nécessité impérieuse des règles morales pour les hommes. Si les conditions étaient réunies, ces règles insuffleraient de nouveau la vie au corps agonisant de la civilisation et lui redonneraient des forces.
Autant la sincérité exerce des effets positifs, autant le mensonge cause d’effets répugnants. La sincérité est une des qualités les plus remarquables, et le mensonge le pire des défauts; les deux sont diamétralement opposés. La parole est l’interprète du tréfonds de l’homme. Quand il résulte de l’envie et de l’animosité, le mensonge est l’une des formes les plus pernicieuses de la force de la colère. Quand il nait de la convoitise ou de l’habitude, il révèle l’activité des forces funestes du plaisir bouillonnant en l’homme. Quand la langue est envenimée par le mensonge, et en porte les flétrissures, elle détruit l’honneur de l’homme, comme les vents d’automme dépouillent les arbres de leurs feuilles. Le mensonge fait croître la forfaiture, éteint la flamme de la conscience et sape les liens de l’unité et de l’entente entre les hommes. La plupart des déviations résultent de la vanité et des paroles vides de sens des envieux et des frustrés, qui, pour satisfaire leur égoisme camouflent la vérité derrière un voile de flatteries, et par leurs suggestions venimeuses, arrivent à se soumettre beaucoup de crédules. Le menteur ne se donne pas l’occasion de méditer et de réfléchir un tant soit peu; il ne pense pas aux conséquences ultimes de son acte, croyant garder à jamais son secret alors qu’il est pris la main dans le sac finalement trahi par ses propres erreurs et contradictions. Il devra faire face au scandale, à l’échec et à la honte. Le proverbe iranien a bien raison de dire que: «Le menteur a la mémoire courte»!
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