LES DROITS DE LA FEMME EN ISLAMen tout cas, à présent, la question qui nous intéresse est une question philosophique et rationnelle, une question de raisonnement et d'argumentation, question liée à la vérité de la justice et à la nature des droits. or la justice et les droits existaient avant la promulgation de toute loi dans le monde, et on ne saurait changer la substance de la justice et du droit par la promulgation d'une loi positive [promulguée par l'homme]. montesquieu a écrit : «avant que l'homme ne promulguât des lois, il était possible que des relations humaines justes se fondent sur les lois qui gouvernent les relations entre les êtres. c'est l'existence de ces relations qui a conduit à la promulgation des lois. dire qu'avant la promulgation des lois par l'homme il n'y avait pas un ordre juste ou injuste pour réguler les relations humaines, équivaudrait à affirmer que les diamètres de cercles qu'on n'a pas encore dessinés ne sont pas égaux.» herbert spencer a écrit : «la justice est entremêlée avec quelque chose d'autre que les sentiments, à savoir, les droits naturels des individus. et pour que la justice ait une existence extérieure, nous devons respecter les droits naturels.» la plupart des intellectuels européens sont d'avis que la déclaration des droits de l'homme a dérivé des droits naturels. en d'autres termes, d'après eux, la théorie des droits naturels n'a été autre que la déclaration des droits de l'homme. de même que nous avons vu des intellectuels et penseurs européens comme montesquieu et spencer ont exprimé des vues sur la justice conformes à la doctrine des théologiens musulmans relative au beau et au laid rationnels et au principe de la justice, de même, il y a, parmi les savants musulmans, quelques-uns qui ont renié l'existence des droits innés et ont affirmé que la justice est une question contractuelle (positive). similairement, une telle croyance est partagée par certains penseurs européens aussi, tels que le philosophe anglais thomas hobbes, qui a nié l'existence de la justice en tant qu'une réalité. la déclaration des droits de l'homme est une philosophie et non une loiil est ridicule de dire qu'étant donné que la déclaration universelle des droits de l'homme, qui garantit l'égalité des droits entre l'homme et la femme, a été ratifiée officiellement par le parlement d'un pays donné, les hommes et les femmes de ce pays sont censés avoir des droits égaux. après tout, la déclaration universelle des droits de l'homme ne fait pas partie de la compétence du parlement pour que celui-ci puisse les ratifier ou les rejeter. en effet, les contenus de cette charte ne sont pas des contrats et accords pour que les pouvoirs législatifs d'un pays puissent les ratifier ou non. la déclaration universelle des droits de l'homme traite des droits innés, inaliénables et indéfectibles des êtres humains, comme le clame la déclaration elle-même. elle a proposé comme loi des droits humains qui sont, selon ses propres termes, la condition de l'humanité de l'homme, et qui ont été conférés à ce dernier par la main du destin. en d'autres termes, la charte des droits de l'homme a suggéré à l'homme des droits qui lui ont été accordés, comme elle l'affirme elle-même, par la puissance créatrice qui l'a doté d'une raison, d'une volonté et de l'honneur humain. et puisque les gens n'ont pas le droit de s'accorder ce que la charte leur a accordé, ni de s'en défaire, que signifie dès lors la ratification de la déclaration par le pouvoir législatif ? en fait, la déclaration des droits de l'homme est une philosophie, et non pas une loi. de là , elle devrait être ratifiée par les philosophes et non par les législateurs. aucun parlement ne peut déposer une philosophie à travers un débat et un vote. car, autrement, on devrait proposer au parlement la ratification de la théorie de la relativité d'einstein ou la théorie de l'existence de la vie sur d'autres planètes. la loi naturelle ne saurait être ratifiée ou rejetée de la même façon qu'on ratifie ou rejette une loi positive [promulguée par l'homme], de la même manière qu'il est absurde de dire que si le parlement ratifiait que si un poirier était greffé sur un pommier le produit serait bon mais s'il était greffé sur un mûrier, le produit serait mauvais. une telle charte, si elle était établie par un groupe de penseurs et de philosophes, chaque nation devrait la soumettre à ses philosophes et juristes. si ceux-ci l'approuvaient, en ce moment-là seulement tous les citoyens de cette nation devraient la considérer comme une vérité qui se situerait au-dessus de la loi, et le pouvoir législatif aurait l'obligation de ne ratifier aucune loi qui s'opposerait à elle.
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