COMMENT J'AI ETE GUIDE



il faut remarquer ici que ces réunions faites par le cheikh étaient des réunions spirituelles, et elles commençaient par quelques poèmes suivis par des chants et des récitations sur l'ascétisme, la piété et le renoncement à la vie d'ici-bas et l'avidité de chercher l'au-delà.

tous les disciples contribuaient, chacun à leur tour en commençant par la droite du cheikh, en récitant tout au moins un verset coranique. peu à peu la confrérie se penchait à droite et à gauche, effectuant un balancement sur le rythme des chants. le cheikh se leva, et les disciples se levèrent à leur tour pour former un grand cercle autour de lui et ils commencèrent à dire: "ahh-ahh-ahh-ahh!", ce qu'ils appellent l'invocation de la poitrine. le cheikh se tournait à chaque fois vers un disciple, l'atmosphère se modifiait, les danseurs commençaient à sursauter en criant dans un rythme organisé mais irritant.

après cette activité éprouvante, le calme revint peu à peu. le cheikh récite son dernier poème, alors que les disciples lui embrassent la tête et les épaules avant de s'asseoir.

j'ai participé à leur rituel mais sans conviction, car cela contredisait mes croyances qui m'interdisent d'attribuer des associés à allah et tout intermédiaire entre l'homme et son créateur.

je m'effondrais en pleurant, mon cœur et mon esprit étaient déchirés entre deux tendances contradictoires.

la première était l'idéologie soufie d'après laquelle l'homme traverse une expérience spirituelle, basée sur le sentiment de la crainte, sur l'ascétisme et sur l'effort pour se rapprocher de dieu par l'intermédiaire de ses saints serviteurs, ses savants et sages.

la deuxième était l'idéologie des wahabites qui m'ont enseignés que tout cela n'était que polythéisme qui ne sera jamais pardonné par dieu.

si le messager d'allah, mohammed lui-même, ne peut pas aider ou intercéder en faveur des gens, alors comment pourraient-ils le faire eux les saints et les pieux qui sont venus après lui?!.

malgré la position qui me fût conféré par le cheikh, car il me désigna comme son délégué à gafsa. je n'étais pas convaincu. bien que je sympathisais parfois avec l'ordre soufi que je respectais pour l'amour d'allah et de ses saints. j'avais en mémoire le verset:

"n'invoques avec dieu aucun autre dieu. il n'y a de dieu que lui." al kassas, verset 88.



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