LE GUIDE DU MUSULMANla quatrième différence entre le prêt et la vente est que la vente avec intérêt usuraire est en elle-même illicite (aussi bien la vente elle-même que l'intérêt qu'elle comporte), alors que dans le prêt à intérêts, ce sont les intérêts seuls qui sont illicites, alors que le prêt en lui-même est licite. 769. etant donné que la valeur des billets de banque ne se détermine pas par leur poids ou leur mesure, le créancier peut "vendre" comptant, à un prix inférieur au montant réel qu'il a prêté, le prêt qu'il a consenti à un emprunteur. par exemple, il peut accepter que le débiteur paie comptant 9 dollars le prêt de 10 dollars qu'il devrait rembourser ultérieurement. 770. les lettres de change qu'utilisent couramment les commerçants n'ont pas une valeur intrinsèque, mais elles sont utilisées comme des sortes de reconnaissance de dettes, parce que le prix de la marchandise n'est pas censé être payable par une lettre de change, puisque même si celle-ci se perd, la marchandise appartient à l'acheteur et celui-ci est tenu de payer son prix. mais si le prix des marchandises est payé par des billets courants et que le vendeur vienne à perdre ces billets, l'ache-teur ne sera pas tenu de repayer le prix des marchandises. 771. les lettres de change sont de deux sortes : i. les lettres de change qui sont la preuve d'un prêt réel; ii. les lettres de change qui sont la preuve d'un prêt irréel. dans le premier cas, le créancier peut vendre un prêt payable à une date ultérieure à un prix inférieur payable comptant. par exemple, il peut vendre comptant, avant l'échéance, à 80 dollars, un prêt de 100 dollars payable ultérieurement (à l'échéance). toutefois, par précaution obligatoire, il n'est pas permis que la lettre de change soit vendue pour un certain temps et que, par la suite, la banque ou un particulier réclame au signataire de la lettre de change le règlement de son montant à l'échéance, car cela équivaudrait à la vente d'un prêt contre un prêt. dans le second cas, le créditeur (fictif) n'a pas le droit de vendre le contenu de la lettre de change contre un paiement comptant, car ici celui qui émet la lettre de change ne doit rien au détenteur de cette lettre, et celle-ci équivaut à un ordre de paiement offert par un non-débiteur(28). en fait, l'émetteur de ladite lettre de change n'est nullement débiteur, il a émis cet ordre de paiement à la banque au bénéfice du porteur de la lettre de change uniquement dans le but de permettre à ce dernier d'obtenir un prêt de la banque. etant donné que l'émetteur de la lettre de change l'a signée lui-même, la banque obtiendra pour ainsi dire de lui à l'échéance le montant de la lettre de change sous forme d'ordre de paiement au bénéfice de celui à qui il a émis la lettre de change, bien qu'il (l'émetteur de la lettre) ne doive toujours rien à la banque. maintenant, si la banque prend une commission pour convertir le montant d'une telle lettre de change, cette pratique sera illicite de sa part, car elle équivaudra à un prêt à intérêts (usuraires). pour éviter cette pratique de l'usure, on pourrait traiter l'escompte comme une opération de vente et non de prêt de la façon suivante : le signataire de la lettre de change pourrait, par exemple, donner procuration au porteur (bénéficiaire) de la lettre de change, et l'autoriser à la vendre à un prix inférieur, tout en prenant soin que le prix de vente ne soit pas dans la même monnaie que le montant payable précisé dans la lettre de change (afin que le bien échangé ne soit pas de même genre). ainsi, la valeur de la lettre de change est de 50 dollars contre 400 francs. puis le signataire donne également procuration audit bénéficiaire pour la revente du prix de la vente de la lettre de change (400 francs) dont il est redevable à un prix équivalent à la valeur réelle de l'effet vendu, soit 50 dollars, ce qui revient à dire que le bénéficiaire devient redevable envers le signataire d'une somme égale à celle que le bénéficiaire doit à la banque. mais cette procédure est peu utile dans la mesure où elle n'est valable que si l'escompte se fait avec une monnaie étrangère (deux monnaies différentes). s'il se fait en monnaie locale, il sera sans effet, puisqu'on ne peut pas le traiter en opération de vente.
|