L'ECOLE D'AHLOUL BAYT



(15).

«bien que les compagnons -en leur qualité d'avant-garde pieuse et éclairée- aient constitué la meilleure et la plus saine des graines pour l'engendrement d'une nation missionnaire (...) il faut reconnaître qu'il y avait dans leurs rangs un large courant -du vivant du messager- qui tendait à préférer le jugement personnel [ijtihâd] dans l'appréciation de l'intérêt [de la ummah]... opposé à un autre courant qui croyait à l'arbitrage de la religion, à la nécessité de se soumettre à elle et d'observer d'une façon scrupuleuse et absolue tous ses textes, dans tous les domaines de la vie.

«sans doute, l'un des facteurs de l'adhésion de la majorité des musulmans au courant de "l'opinion personnelle" réside-t-il dans la tendance naturelle de l'homme à agir selon l'intérêt qu'il pressent et apprécie lui-même, et non pas conformément à une décision dont il ne comprend pas le sens.»

(16)

le compagnon qui incarnait la tendance de l'observance absolue de tout le texte (le saint coran et la sunnah du saint prophète) était l'imam 'alî, alors que le compagnon le plus représentatif de la tendance qui admettait "l'opinion personnelle" et qui «se permettait de discuter les décisions du saint prophète et de donner un avis personnel qui n'allait pas toujours dans le sens du texte, étant convaincu qu'il pouvait s'arroger ce droit»

(17) était 'omar ibn al-khattâb.

l'incident qui illustre le mieux cette opposition entre les deux tendances est celui que rapporte al-bokhârî, entre bien d'autres, et selon lequel un jour, alors que le prophète était allongé sur son lit d'agonie en présence d'un bon nombre de compagnons, il demanda qu'on lui apporte de quoi écrire son testament : «laissez-moi vous écrire une lettre de conduite qui vous évitera de vous égarer.» 'omar ibn al-khattâb dit alors aux gens présents : «le prophète est emporté par la souffrance

(18). vous avez le coran. nous pouvons nous contenter du livre d'allah !» a ce moment-là, un différend et une dispute éclatèrent entre les compagnons. les uns disaient: «laissez le messager d'allah vous écrire une lettre qui vous évitera de vous égarer», les autres se rangeaient à l'avis d''omar. lorsque la dispute s'intensifia, le prophète, excédé, leur dit: «allez-vous en !»

(19)

mohammad bâqir al-Çadr cite plusieurs exemples où les représentants de la tendance de "l'opinion personnelle", et notamment 'omar ibn al-khattâb, ont contesté certaines décisions du prophète, comme lors de la conclusion du traité de hudaybiyyah



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