L'ECOLE D'AHLOUL BAYTainsi écartés du pouvoir, réprimés, combattus sévèrement par lui, et victimes d'une campagne systématique de diffamation et de désinformation menée des siècles durant, sans jamais disposer des mêmes moyens que les autorités califales pour faire connaître aux masses musulmanes leurs points de vue et leurs thèses, les chi'ites se trouvèrent peu à peu mis à l'écart des autres courants islamiques, alors que leur doctrine dans son ensemble et pour l'essentiel ne justifiait pas, comme nous avons pu nous en apercevoir, une telle séparation. il s'en est suivi que de nombreux musulmans, éloignés des adeptes du chi'isme et de leurs enseignements, étaient, et sont toujours d'ailleurs, réduits à dire tout et n'importe quoi à l'appui des rumeurs propagées à propos de cette doctrine qui, pourtant, depuis ses manifestations embryonnaires (11) à l'époque du prophète et dans les milliers de livres que ses représentants ont publié à travers les siècles, n'a cessé de prêcher la nécessité de s'en tenir strictement aux commandements de la loi islamique, dont les deux seules sources incontestables sont le saint coran et la noble sunnah du prophète. le sunnisme et le chi'isme : deux termes pour une même signification. l'une des conséquences de cette campagne séculaire de désinformation contre le chi'isme et de cette opposition artificielle et exagérée entre les deux ailes de la "communauté unique", la ummah, est la dénaturation de la signification de l'appellation même du couple opposé : "sunnisme - chi'isme", qui constitue en fait une aberration et qui crée la confusion dans les esprits. en effet, un grand nombre de musulmans non avertis ont tendance à croire que le chi'isme est la doctrine des partisans (chi'ites) de l'imam 'alî, par opposition au "sunnisme", qui désignerait les adeptes de la sunnah (tradition du saint prophète), ce qui pourrait laisser entendre qu'il y aurait une opposition entre l'imam 'alî ou ses partisans et la sunnah du prophète... or, si l'on se réfère à la réalité historique de la naissance du chi'isme et du sunnisme et de leur développement, on constate sans l'ombre d'un doute que la vérité est tout autre et que l'opposition ainsi comprise entre les deux termes est une contre-vérité et un non-sens. car, comme l'a bien démontré son eminence sayyed mohammad bâqir al-Çadr dans sa recherche (12) objective et fondée sur des références qui font autorité parmi tous les courants juridiques de l'islam, il y avait du vivant du prophète et autour de lui deux tendances parmi les compagnons : 1- une tendance qui croyait au culte (13) et à l'arbitrage de la religion, et à l'acceptation absolue du texte (14) religieux dans tous les aspects de la vie. 2- une tendance qui croyait que la foi en la religion n'exige du musulman qu'un culte limité à certains actes de piété et à certains aspects de l'islam - relevant du mystère (ghayb). en dehors de ce cadre limité, cette tendance croyait à la possibilité de "l'opinion personnelle" dans les autres domaines de la vie et, par conséquent, à la légitimité de changer ou de modifier le texte religieux selon l'intérêt du moment et des circonstances de la situation
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