L'ECOLE D'AHLOUL BAYTaprès la disparition de l'imam al-bâqir, c'est l'imam al-Çâdiq qui porta l'étendard de l'opposition. pendant la période de son imamat, l'épreuve douloureuse de la ummah en général, et de la famille du prophète en particulier, s'aggrava. l'imam al-Çâdiq s'affirmait jour après jour comme le chef de l'opposition et le dirigeant de la résistance politique, et ce malgré son silence public et le fait qu'il se soit abstenu de s'attaquer ouvertement au pouvoir. les opposants le consultaient toujours, sollicitaient son soutien à leur mouvement, et lui demandaient de prendre le pouvoir. c'est ce qu'a fait par exemple abû muslîm al-khurâsanî lorsqu'il lui a proposé qu'on lui prête serment d'allégeance en vue d'évincer le calife abbasside contesté, mais l'imam a décliné l'offre, sachant que toutes les conditions objectives de la réussite du mouvement n'étaient pas encore réunies. abû-l-'abbâs al-saffâh connaissait le rôle de dirigeant que jouait l'imam dans l'opposition, et il éprouvait beaucoup de crainte de sa personne. aussi tenta-t-il de s'en débarrasser une fois pour toutes en l'assassinant, mais son projet infâme ne réussit pas, grâce à la protection d'allah. c'était dans ce dessein qu'il l'avait fait venir de médine à hirah (en lorsqu'abû ja'far al-mançûr tint la barre du pouvoir, il craignit, comme son prédécesseur, la position de dirigeant de l'opposition qu'occupait le saint imam. ce qui traduit sa crainte, c'est le fait de l'avoir convoqué et fait venir en en témoignent les propos suivants qu'il a tenus à l'égard de l'imam : «ce souci obstruant la bouche des califes [cet opposant, gênant, aux califes], qu'on n'a le droit ni de proscrire, ni d'assassiner ! mais si je n'avais pas avec lui en commun (328) un arbre dont la graine est bonne, la branche haute, les fruits doux, la descendance bénie, sanctifié dans "al-zobûr" [les ecritures], il aurait risqué beaucoup, car il nous fait beaucoup de reproches et dit beaucoup de mal de nous.» (329) l'imam mûsâ ibn ja'far al-kâdhim a succédé à son père comme imam des musulmans, et aussi comme chef de l'opposition. il a tenu tête aux gouvernants abbassides, connus pour leur déviation de l'islam, leur mépris pour la ummah et leur avidité pour le pouvoir et les biens des musulmans. sous le règne d'abî ja'far al-mançûr, qui a poussé très loin sa répression contre les 'alawites, en les torturant, en les emprisonnant, en confisquant leurs biens, et même en les enterrant vivants sous les arcades de châteaux et de ponts. sous le califat de l'abbasside muhammad al-mahdî; celui-ci, craignant de plus en plus l'influence grandissante de l'imam al-kâdhim, ordonna qu'on l'amène de médine à baghdâd pour l'interroger et le juger. une fois à baghdâd, le saint imam fut jeté en prison. il y resta jusqu'au jour où le calife, effrayé par un rêve qu'il avait fait -et dans lequel il avait entendu l'imam 'alî ibn abî tâlib réciter à son adresse ce verset coranique très significatif : «seriez-vous capables, si vous tourniez le dos, de semer la corruption sur la terre et de rompre vos liens de parenté» (330), l'en fit sortir.
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