L'ECOLE D'AHLOUL BAYT



(358)

après quoi, mu'âwiyeh ibn 'ammâr

(359) a posé ce même problème à abâ 'abdullâh al-Çâdiq, qui a prononcé le jugement suivant : "commence par le pèlerinage, car le pèlerinage est une obligation. s'il reste un excédent [sur la somme désignée par le testament] dépense-le pour accomplir des prières surérogatoires." lorsqu'abû hanîfah a entendu parler de ce jugement, il est revenu sur ce qu'il avait proposé.»

(360)

abû-l-qâçim al-baghr a rapporté dans "musnad abî hanîfah" :

«al-hassan ibn ziyâd a dit qu'il a entendu poser à abî hanîfah cette question : "qui est le plus savant de tous ceux que tu as vus ?" et qu'abû hanîfah a répondu : "ja'far ibn muhammad [l'imam al-Çâdiq]...

en effet, lorsqu'al-mançûr l'a convoqué, il m'a écrit: "o abâ hanîfah ! les gens sont séduits par ja'far ibn muhammad. prépare donc pour moi des questions difficiles à résoudre." je lui ai préparé quarante questions. puis abû ja'far al-mançûr (le calife abbasside) m'a fait venir alors qu'il se sentait embarrassé. je me suis rendu chez lui, et j'ai vu ja'far [al-Çâdiq] assis à sa droite. lorsque je l'ai regardé, il m'a inspiré beaucoup plus de respect que ne m'en a inspiré abû ja'far. je l'ai salué, et il m'a répondu. je me suis assis. puis il [le calife] s'est adressé à lui en disant : "o abâ 'abdullâh ! voici abû hanîfah." il a répondu : "oui, je le connais." puis il [le calife] s'est tourné vers moi et m'a dit : "o abâ hanîfah ! pose tes questions à abî abdullâh." je me suis mis à lui poser les questions les unes après les autres, et il me répondait en disant : "vous dites ceci, les médinois disent cela, et nous disons ceci. peut-être sommes-nous d'accord avec vous, peut-être sommes-nous d'accord avec eux, et peut-être sommes-nous en désaccord avec tous les deux." j'ai fini de poser les quarante questions, auxquelles il a répondu sans faux pas." et abû hanîfah de conclure : "le plus savant des gens est celui qui en connaît le mieux les différends."»

(361)

ces deux anecdotes nous montrent comment doivent être l'objectivité et la méthodologie scientifiques dans le dialogue, la présentation des questions et

la recherche de la vérité. l'imam abû hanîfah était un grand savant et un mujtahid à toute épreuve, pourtant il n'a pas hésité un instant à revenir sur son avis lorsqu'on lui a montré un jugement plus conforme à la chari'ah que le sien, d'une part, et à reconnaître d'autre part l'érudition et les mérites de l'imam ja'far al-Çâdiq alors que le calife abbasside avait voulu l'opposer à celui-ci et en faire un adversaire ou un rival. tout vrai musulman se doit avant tout de mettre devant lui la vérité, et de s'y plier en oubliant sa fierté personnelle, qui en fait n'a pas à en souffrir, loin de là. cette façon de voir les choses et de les discuter est celle que l'islam a préconisée et dont il a fait la base de la recherche de la vérité. que tous les savants et chercheurs la suivent et s'y conforment, et la communauté musulmane deviendrait une nation unique, comme nous l'a indiqué le saint coran.



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