ABU ZHAR AL GHIFARI-pourquoi as-tu expulsé mâlik al-achtar et ses compagnons de kûfa, et pourquoi les as-tu séparés de leurs familles?» ayant écouté les réponses à toutes ces questions al-zubayr ibn al-`awwâm conclut: «o `othmân! tes agissements ne sont pas justifiés. tu n'as pas pensé contre qui tu as pris de telles sanctions. les faits que tu leur reproches ne justifient pas que tu doives soumettre les compagnons les plus révérés du saint prophète à de telles tortures. si tu me suis, je peux souligner pour toi les mesures prises par toi qui contreviennent aux fondements mêmes de la foi. j'insiste que tu doives craindre allah et ne pas chercher ta satisfaction personnelle aux dépens de l'etat islamique dont tu es le chef; autrement, le jour où tu subiras les conséquences de tes agissements dans ce monde même, ne serait pas loin. et cette punition sera en plus de la punition que tu auras dans l'autre-monde». après la mort tragique d'abû zar, lorsque les dignitaires d'egypte étaient venus à médine pour réclamer des réponses à leurs griefs et doléances, ils se dirigèrent vers le masjid du saint prophète où ils virent un rassemblement de muhâjirîn et de ançârs. après les échanges des salutations, les musulmans rassemblés dans la mosquée demandèrent aux egyptiens: «pourquoi êtes-vous venus d'egypte jusqu'ici?». ces derniers leur expliquèrent la raison de leur voyage et dirent que le gouverneur qui avait été nommé en egypte était totalement incompétent et mesquin. les egyptiens arrivèrent en tout cas à la porte de `othmân et sollicitèrent une audience. `othmân accepta de les recevoir. après avoir présenté leurs respects au calife, ils dirent: «o `othmân! nous avons été persécutés par ton gouverneur. ses agissements sont navrants, pénibles et attristants. o calife! allah t'a accordé une richesse abondante. sois reconnaissant envers lui, surveille plus étroitement tes fonctionnaires et aie pour but la réalisation du bien-être des masses. nous ne sommes pas venus nous plaindre uniquement de ton gouverneur, mais nous pensons aussi que des démarches prises par toi sont extrêmement graves». `othmân dit: «dites-moi de quoi il s'agit?», ils dirent: «tu as fait revenir al-hakam ibn al-`Âç à médine bien que le prophète l'eût expulsé de cette ville vers tâ'if pour de bon, et que abû bakr et `omar ne se fussent pas permis d'annuler sous leur règne respectif une décision prise par le messager d'allah. tu as déchiré le saint coran en petits morceaux, tu l'as brûlé et tu l'as réduit en cendres. tu as donné le contrôle de l'eau de pluie à tes proches parents alors que cette eau était censée servir à l'usage des masses, lesquelles s'en sont trouvées privées. tu as banni quelques compagnons du saint prophète de médine. tu veux que les gens te suivent sans regarder si ce que tu fais est conforme à la loi islamique ou non. «o `othmân! ecoute! nous te disons ouvertement que nous te suivrons sincèrement si tu marches sur le droit chemin, mais si tu persistes dans ce que tu fais maintenant, nous serons obligés de retirer notre serment d'allégeance, ce qui nous ruinera tous, toi et nous. «o `othmân! allah connaît la condition de chacun. chaque musulman doit le craindre. ecoute! les relations entre le gouvernant et les gouvernés sont très délicates. le gouvernant doit craindre allah et s'abstenir de tout ce qui est contraire aux commandements d'allah, et les gouvernés ne doivent pas, dans ce cas, lui désobéir. l'homme aura à rendre compte même de ses petits actes insignifiants devant allah. nous avons dit ce que nous voulions dire. maintenant, il t'appartient de faire ce que tu veux». après avoir entendu ces doléances et reproches, `othmân inclina la tête et resta silencieux pendant un certain temps, puis il dit: «pour le moment, je ne veux pas donner des explications à propos de vos objections, parce qu'elles sont trop nombreuses. mais je peux quand même dire, tout simplement, à propos d'al-hakam ibn al-`Âç que le prophète d'allah avait été fâché contre lui à cause de certains de ses agissements indécents et inconvenables, il l'avait par conséquent expulsé de la ville. maintenant étant devenu calife, je l'ai fait revenir à cause de nos liens de parenté. dites-moi si les gens de médine ont le moindre grief contre lui, je lui demanderai de s'en expliquer». les histoirens rapportent que lorsque les gens dressèrent un torrent d'objections sur les différents aspects de son gouvernement, il décida de se pencher sur ces questions et il écrivit des lettres à tous les gouverneurs de l'etat islamique leur enjoignant de demander aux gens de leur province respective de venir à médine pour se plaindre directement auprès du calife des agissements des gouverneurs. dès que ces lettres étaient parvenues à leurs destinataires, des gens affluèrent de toutes les régions du territoire de l'etat islamique.
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