ABU ZHAR AL GHIFARI



«o gens! ceux qui me connaissent me reconnaissent, et ceux qui ne me connaissent pas, qu'ils sachent que je suis abû zar al-ghafârî. mon nom est jundab ibn junâdah al-rabadhî. allah a exalté adam, nûh, la progéniture d'ibrâhîm et les enfants de `imrân et les plaça au-dessus de l'humanité. le prophète mohammad est l'héritier du savoir d'adam et de toutes les vertus qui ont distingué les prophètes. et l'imam `ali ibn abî tâlib est le successeur du prophète et l'héritier de son savoir.

»o gens déroutés! si après la disparition du prophète vous aviez donné la préférence à celui qu'allah avait préféré, et placé dernier celui qu'allah avait placé dernier, et que vous aviez laissé le gouvernement et la succession à leurs ayants droit, les ahl-ul-bayt, vous auriez obtenu d'innombrables bénédictions de par-dessus de vos têtes et d'en dessous de vos pieds, et aucun ami d'allah n'aurait été pauvre ou indigent. aucune partie des obligations divines n'aurait été négligée, ni aucune dispute entre deux individus n'aurait éclaté à propos d'un commandement divin pour la simple raison qu'ils auraient trouvé la juste explication de ce commandement dans le livre d'allah et les traditions du prophète, tels qu'ils sont expliqués par les gens de la maison du prophète (ahl-ul-bayt). mais puisque vous avez fait délibérément ce que vous n'auriez pas dû faire, vous devez pâtir des conséquences de votre méfait, et bientôt ceux qui ont été injustes sauront à qui ils retourneront».

il est noté dans le même livre d'histoire que `othmân apprit également qu'on l'accusait publiquement d'avoir apporté des modifications à la sunnah du saint prophète et aux traditions d'abû bakr et de `omar, alors que sa nomination à la tête de l'etat était fondée sur son engagement de suivre les traditions de ses deux prédécesseurs.

`othmân, convaincu que les reproches publics que les musulmans lui faisaient, concernant sa façon de gouverner, étaient dus à l'audace et aux discours de l'incorruptible abû zar, proscrit ce dernier en syrie, pour être sous le contrôle de mu`âwiyeh, le gouverneur de cette province. selon "ta'rîkh `abul-fidâ", la déportation eut lieu en l'an 30 de l'hégire.

selon les histoirens, étant donné qu'abû zar avait continué à critiquer les actes de violation des lois islamiques, `othmân avait tout d'abord pensé pouvoir limiter l'influence de l'illustre compagnon du prophète en lui imposant des restrictions sévères. ainsi, il avait décrété l'interdiction à toute personne de parler à abû zar, de s'approcher de lui ou de le fréquenter. pour proclamer cet ordre de mise au ban de la société concernant abû zar, des réunions publiques avaient été organisées à plusieurs reprises.

a ce sujet, al-`allâmah al-majlicî et al-`allâmah al-subaytî écrivent que le nommé al-ahnaf ibn qays avait l'habitude de venir s'asseoir dans le masjid. un jour, il fit la prière suivante: «o seigneur! remplace mon insociabilité par l'amour, et ma solitude par une compagnie, et présente-moi un compagnon d'un mérite inégalable». À peine eut-il fini de prononcer cette prière, il vit un homme assis dans le coin du masjid et occupé à l'adoration d'allah. il se leva, se dirigea vers lui et s'assit à côté de lui. puis il lui dit: «qui es-tu et quel est ton nom». l'homme répondit: «jundab ibn junâdah». en l'entendant, il s'écria: «allah est grand! allah est grand!». abû zar (jundab) lui demanda: «pourquoi récites-tu ce takbîr (allah est grand)». al-ahnaf répondit: «lorsque je suis entré dans le masjid aujourd'hui, j'ai prié allah de me présenter le meilleur compagnon. il a donc exaucé ma demande très rapidement et m'a accordé l'honneur de te rencontrer». abû zar dit alors: «je dois glorifier allah plus que toi, pour m'avoir jugé être un compagnon convenable. ecoute-moi! le saint prophète m'avait informé que toi et moi, nous serons portés vers un endroit très élevé et que nous y resterons jusqu'à ce que tout le monde ait terminé de rendre des comptes». et abû zar d'ajouter: «o serviteur d'allah! eloigne-toi de moi, autrement tu auras des ennuis». al-ahnaf lui demanda: «comment cela, mon ami?». abû zar expliqua: «`othmân ibn `affân a décrété que quiconque me rencontre, me parle ou s'assied avec moi, sera puni»(43).

en bref, `othmân se dégoûta de la véracité et de la franchise d'abû zar, lequel malgré les restrictions qui lui avaient été imposées continua à dénoncer les violations des lois islamiques. n'ayant pas réussi à le réduire au silence, `othmân décida de le bannir en syrie. chapitre 13

abû zar et mu`âwiyeh

 

les histoirens affirment que `othmân, excédé par le cri de la vérité d'abû tharr l'avait soumis à toutes sortes de répressions afin de le museler. la répression touchait également ceux qui osaient écouter, fréquenter et rencontrer abû zar. condamné à se taire, abû zar ne pouvait toutefois garder le silence, chaque fois qu'il constatait qu'une loi islamique ou une tradition du prophète était violée. n'ayant pas trouvé le moyen adéquat de réduire au silence un grand compagnon qui ne faisait que dénoncer à haute voix, comme le prophète le lui avait recommandé, les déviations et les contre-vérités, il se résolut à l'éloigner de la capitale de l'islam, et à le proscrire en syrie dont le gouverneur tout-puissant était mu`âwiyeh. il pensa que ce dernier serait en mesure de le paralyser.



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