ABU ZHAR AL GHIFARIabû zar poursuit: «après m'avoir énuméré ces règles le saint prophète mit sa main sur mon coeur et ajouta: «o abû zar! il n'y a pas de sagesse meilleure que la bonne planification, ni de piété meilleure que la maîtrise de soi, ni de beauté meilleure que les bonnes moeurs». al-`allâmah al-guilânî, se référant à musnad d'ahmad ibn hanbal cite seulement deux (1,2) des sept préceptes ci-dessus mentionnés (ceux qui recommandent de lier amitié avec les pauvres, et de regarder les gens de condition plus modeste) et écrit: «en fait, ceci est le meilleur remède à la maladie de l'amour des riches et de l'amour du monde. supposons qu'un homme qui possède une chemise en mousseline, et un pantalon de bonne qualité à porter, du pain de blé et de la viande de mouton à manger, une maison en argile, propre et bien arrangée à habiter, se compare avec un autre homme qui n'a rien d'autre qu'un vêtement rude, du pain d'orge et une chaumière de paille. il (le premier) ne pourrait que remercier allah pour la condition meilleure dans laquelle il vit, et éviterait sûrement les tourments mentaux qu'il aurait connus s'il s'était comparé avec un homme plus riche que lui, mangeant, s'habillant et se logeant mieux que lui. donc regarder toujours les gens d'une condition plus modeste que la sienne est la meilleure façon d'être satisfait de ce qu'on a dans ce monde. combien d'entre nous se conforment à cette recommandation? je dirais qu'un homme qui agirait conformément à ce principe ne souffrirait jamais. c'est la seule règle d'or existant pour connaître le bonheur dans ce monde et dans l'au-delà . elle est magnifiquement illustrée par le vers suivant du célèbre poète iranien, cheikh sa`di: «je pleurais pour une paire de chaussure, jusqu'à ce que j'aie vu un homme qui n'avait pas de pied». après l'amour de la richesse, l'autre partie de l'amour de ce monde se manifeste sous la forme de l'amour du pouvoir. cette forme d'amour est encore plus dangereuse et elle constitue une cause principale de la corruption du système du monde. les sottises commises dans le monde par les esclaves de la richesse sont beaucoup moins nombreuses et moins graves que celles faites par ceux qui ont une ambition excessive pour les positions et pouvoirs. la vraie raison de cette maladie réside dans le fait que lorsqu'un homme se croit parfait dans un domaine, il oublie le pouvoir de l'etre qui lui a conféré cette perfection relative, et s'attribue des considérations en conséquence. puis, il essaie de faire sentir aux gens autour de lui, l'importance qu'il s'est donnée. ayant cet objectif en vue, il prépare des plans selon le pouvoir de sa pensée. il remplit d'hypocrisie son esprit et occupe tout son temps à rendre tout le monde conscient de son existence par tous les moyens. la perfection qu'abû zar atteignit ou presque était celle de la piété. il craignait qu'elle n'engendre en lui fierté et vanité, qui conduisent à l'ambition d'une position et des honneurs, ce qui ne laisse aucune place à la paix dans ce monde et dans l'au-delà . c'est pour cette raison, que le prophète avait prévenu ce danger, et s'adressant à abû zar, il lui dit à mots ouverts et clairement: «allah dit: "o mes serviteurs! vous êtes tous des pêcheurs, excepté ceux d'entre vous que je préserve. ainsi, chacun de vous doit m'adresser régulièrement des prières pour demander pardon, et je le lui accorderai. je pardonne les péchés de quelqu'un qui me considère assez puissant pour rédimer les péchés et que je rédime, et de celui qui prie pour que ses péchés soient pardonnés à travers mon pouvoir. o serviteurs! chacun de vous est dévié sauf ceux d'entre vous que je maintiens sur le droit chemin. aussi, devez-vous prier pour solliciter ma guidance. vous êtes tous pauvres et nécessiteux, à l'exception de ceux d'entre vous que je rendrai riches. priez-moi donc d'assurer votre subsistance et rappelez-vous que même si vous vous réunissez tous, les vivants et les morts d'entre vous, les vieux et les jeunes, les vicieux et les vertueux pour pratiquer l'abstinence, cela n'ajoutera rien à ce qui existe dans mon royaume actuel, mais que si vous vous rassemblez tous, les morts et les vivants, les vieux et les jeunes, les vicieux et les vertueux pour me prier de subvenir à vos besoins et que je décide d'exaucer vos prières, il n'y aura aucun manque dans mon royaume, même pas l'équivalent d'une quantité d'eau puisée avec une aiguille que quelqu'un plongerait dans l'océan. ceci, parce que je suis le bienfaiteur, le pardonneur, le grand, l'exalté et celui qui contrôle toutes les fins"». qui peut, après avoir cru en la vérité de la gloire et de la majesté divines, telles que nous les percevons ci-dessus, être fier de son existence, de ses réalisations et de ses exploits, somme toute, insignifiants par rapport à la grandeur et au pouvoir d'allah? qui oserait, même l'espace d'une seconde, prendre de grands airs devant une telle majesté? quel croyant en allah peut se montrer vaniteux à cause de sa position sociale, de son honorabilité et de ses moyens? qui peut être assez idiot pour être fier de sa piété, tout en sachant que chacun de nous est pêcheur? quand on sait que toutes les fortunes des gens riches sont sous le contrôle et l'autorité d'allah, il faut être vraiment sot pour se montrer vaniteux à cause de la fortune qu'on possède. s'il est vrai que, même réunis tous, grands et petits, pauvres et riches, nous ne pouvons rajouter un iota à la grandeur du royaume d'allah, de quoi, un homme qui n'est qu'une poignée de sable, peut-il se vanter? lorsqu'un clergé ou un réformateur sait que même en matière de guidance et de maturité mentale qui font sa force, il dépend de la faveur et du pouvoir d'allah, comment pourrait-il considérer que ses efforts méritent estime et appréciation? lorsqu'on est conscient que tout appartient à allah et que nous sommes à ce point pauvres, nécessiteux et dépendants, pourquoi donc cette vanité, cette présomption et cette arrogance de notre part? tels sont les commandements et les sermons que l'austérité du prophète `isâ grava dans l'esprit d'abû zar. en tout cas, c'est de cette façon que le prophète mohmmad s'appliqua à façonner la nature ascétique d'abû zar. mais nous devons être prudents lorsque nous abordons cet aspect (l'ascétisme) des enseignements et des exhortations du saint prophète, car l'islam se distingue de toutes les autres religions pour ses réserves concernant la vie monastique. en effet, vu cet ascétisme d'abû zar qui occupe une place particulière parmi les compagnons du saint prophète, d'aucuns pourraient se demander pourquoi, l'islam s'était opposé à la vie monastique et l'avait considérée comme innovation de moines et de clergés?
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