ABU ZHAR AL GHIFARI«ali avait quatre distinctions qu'aucun de nous ne possédait. tout d'abord il était la première personne à gagner l'honneur de prier avec le saint prophète. en deuxième lieu, il était le seul porte-drapeau du prophète dans toutes les batailles. en troisième lieu, lorsque dans les guerres saintes les gens s'enfuyaient, laissant le prophète derrière eux, ali restait imperturbable à ses côtés. quatrièmement, ali était celui qui a fait le bain funéraire (ghusl al-mayyet) du saint prophète et qui descendit son corps dans le tombeau». selon les sources des adeptes d'ahl-ul-bayt, le saint prophète rendit l'âme le lundi 28 Çafar de l'an 11 hégire(29). sa mort donna lieu à des scènes de lamentations, de gémissements et de manifestation de douleur chez les membres de sa famille, ses proches et ses vénérables compagnons. abû zar, salmân al-farecî, al-miqdâd et `ammâr, ainsi que d'autres fidèles compagnons pleuraient à chaudes larmes. l'histoire montre qu'abû zar al-ghafârî était durablement affecté par la disparition du prophète. mais il gardera une fidélité à toute preuve à la mémoire de son bien-aimé, à ses commandements, à ses enseignements et à sa volonté, fidélité qui lui coûtera très cher et le condamnera à l'exil et au bannissement, car, il n'oubliera à aucun moment de rappeler à l'ordre les gouvernants de l'etat islamique, en invoquant les traditions du prophète dont il était le meilleur témoin. manazir ihsân al-guilanî écrit à ce propos: «dans la plupart des biographies d'abû tharr, bien qu'il y ait des indices de l'immensité de la douleur qu'il éprouva à la mort du prophète, douleur sans laquelle un croyant ne saurait être considéré comme un vrai croyant, certains événements ou certaines scènes présentent un beau portrait de l'amour réciproque entre l'amoureux et le bien-aimé devant notre mémoire visuelle» ("al-ichtirâkî al-zâhid", p. 90). au moment du décès du saint prophète, abû bakr était chez lui à sakh, distant d'un mile de médine. `omar se déploya pour empêcher la propagation de la nouvelle de la mort du messager d'allah, et lorsqu'abû bakr arriva, ils allèrent tous les deux à saqîfat banî sâ`idah, distante de trois miles de médine. ils furent accompagnés d'abû `ubaydah ibn jarrah qui était laveur de profession. les principaux compagnons se rendirent eux aussi à saqîfah pour se disputer à propos de la succession du saint prophète, sans se soucier de son corps et de son enterrement. ali qui resta aux côtés du corps du saint prophète s'en occupa. il se chargea du lavage du corps, alors que fadhl ibn abbâs maintenait sa basque relevée, al-abbâs et qathm tournaient le corps, et `usâmah et chaqrân versaient l'eau. après que le corps fut lavé et mis en linceul, abû talhah creusa le tombeau. ali dirigea la prière du mort, puis descendit dans le tombeau pour y poser le corps du saint prophète. ensuite il recouvrit le tombeau avec de la terre en se lamentant. abû bakr, `omar et d'autres compagnons ne purent donc assister aux cérémonies funéraires, car après leur retour de saqîfah, le prophète (p) était déjà inhumé(30). le saint prophète mourut à l'âge de 63 ans. ("abu-l-fidâ", vol. 1, p. 152) chapitre 10 le transfert de la succession du saint prophète après la mort du prophète, ceux parmi les compagnons qui n'étaient pas d'accord sur le sermon de ghadîr khum concernant la succession, et qui ne voulaient pas que `ali fût le successeur du messager d'allah, prient se hâtèrent de se réunir à la saqîfah de bâni sâ`idah pour régler, eux-mêmes, la question de la succession et choisir un successeur à leur convenance. beaucoup d'histoirens, d'analystes et de traditionnistes expliquent cette hâte avec laquelle les promoteurs de la réunion de saqîfah voulaient régler la question de la succession du prophète avant même qu'il ne fût enterré, comme étant leur volonté de prendre la ummah de court et de la mettre devant le fait accompli. le nombre de personnes réunies - y compris les immigrants et les partisans - à saqîfah était d'environ 200. on convint dans cette réunion de fonder un gouvernement dont le chef fut choisi parmi les participants. après la réunion et à leur retour à médine le saint prophète était déjà inhumé. les promoteurs de la réunion se mirent à demandèrent aux gens de prêter serment d'allégeance au calife ainsi désigné afin de donner une apparence de démocratie et de légitimité au gouvernement. ils obligèrent non seulement des honorables compagnons, mais même les membres des ahl-ul-bayt, et d'une manière révoltante, à se soumettre à leur mascarade. l'essentiel de cette histoire indigne se résume ainsi: on demanda à `ali ibn abi tâlib à prêter serment d'allégeance, de gré ou de force. devant son refus, la police califale l'emmena à la cour, une corde au cou(31). la maison de fâtimah al-zahrâ' où il se trouvait lors de son arrestation, fut incendiée(32). la porte de la maison avait été forcée et tombée sur fâtimah, lors de l'intervention policière, ce qui lui occasionna une fausse couche (elle était enceinte d'un enfant mâle) (voir "al-milal wal-nihal" d'al-chahristânî). sur le même sujet, al-`allâmah mullah mu`în kâchifî écrit qu'à cause du choc qu'elle reçut lorsqu'on força la porte de sa maison, fâtimah tomba malade et ne tarda pas à succomber à cette maladie(33). de la même façon, tous ceux qui avaient refusé de prêter serment d'allégeance à abû bakr furent forcés sans ménagement et d'une main de fer, de reconnaître le califat d'abû bakr. certains d'entre eux furent sauvagement battus, comme salmân al-fârecî que le prophète avait inclus dans les membres d'ahl-ul-bayt en raison de sa piété exceptionnelle et de sa position particulière auprès de lui. il reçut tellement de coups que son cou resta tordu pour le reste de sa vie.
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