ABU ZHAR AL GHIFARIl'histoire témoigne qu'abû zar était tellement pieux après sa conversion à l'islam que personne ne pouvait se mesurer à lui dans le domaine spirituel. il atteignit un tel degré de perfection sur le plan de la pureté de la foi et de la sincérité du coeur, qu'il devint un phare pour les gens qui voulaient être éclairés. il enrichissait leurs esprits avec ses conseils, il leur inculquait le sens de l'égalité et de l'amour, et il leur montrait la voie de l'obéissance à allah et à son saint prophète. il menait une vie islamique tellement digne que les histoirens trouvaient difficilement les mots exacts pour la décrire. `abdullah al-subaytî écrit qu'abû tharr se détachait, parmi les compagnons qui excellaient en piété, en abstinence, en adoration d'allah, en véracité, en fermeté de foi et en résignation devant la volonté d'allah. son alimentation quotidienne du vivant du prophète consistait en trois kilos de dattes et il avait maintenu ce régime pendant le restant de sa vie. sa moralité et sa vertu étaient telles que le saint prophète, l'inclut, comme salmân al-faricî dans les ahl-ul-bayt (la famille du prophète). al-hâfidh abû na`îm dit qu'abû zar était un homme de piété et avait un coeur pleinement satisfait. il était la quatrième personne à embrasser l'islam. il avait renoncé aux péchés avant même la mise en application de la loi islamique. son but le plus cher était de ne pas baisser la tête devant les gouvernants tyranniques. il supportait avec stoïcisme les afflictions et les malheurs. il se distingua par l'apprentissage, par coeur, des traditions et des exhortations du saint prophète. abû nâ`îm fait remarquer qu'abû zar a rendu un grand service au saint prophète, dont il a appris les statuts légaux de la loi islamique (ahkâm char`iyyah) dans les domaines de l'adoration et des relations sociales, ce qui lui a permis de s'abstenir de tout péché. l'un de ses traits caractéristiques était de poser, souvent, des questions au saint prophète afin de savoir tout. il a apprit, par coeur, toutes les significations et toutes les interprétations du saint coran et des traditions du prophète, et il se montrait très avide sur ce plan. en bref, il a appris du saint prophète énormément de choses, non seulement, pour son usage personnel, mais aussi pour mettre ce trésor de savoir au service des adeptes de l'islam.
un autre fait notable par lequel abû zar se distingua, fut sa marche continuelle et constante sur la ligne du saint prophète, ligne dont il ne dévia jamais, même lorsque le vent changea de direction, après la disparition du messager d'allah. en effet, abû zar resta aux côtés de l'imâm `ali après la mort du saint prophète, et il ne le lâcha jamais. il le suivit toujours et continua à bénéficier de son immense savoir pour compléter les connaissances qu'il avait acquises en compagnie du saint prophète. quoi de plus logique pour un homme aussi pieux que lui et aussi assoiffé de savoir religieux! le prophète n'avait-il pas dit: «je suis la cité du savoir et `ali en est la porte»? il put ainsi s'imprégner de son savoir, de son ascétisme, de sa bienfaisance, de ses vertus morales et de sa conduite exemplaire. c'est pour cela que le prophète avait dit: «abû zar est l'homme le plus véridique de la nation». ou encore:«abû zar est pareil au prophète `isâ (jésus) par son ascétisme», et «celui qui voudrait connaître l'austérité et la modestie de `isâ, devrait aller voir abû zar». il va de soi que la piété d'un homme aussi religieux qu'abû zar ne se limitait pas à l'accomplissement des prières et d'autres pratiques rituelles. il avait des compétences pratiques dans toutes les formes de la piété et de l'adoration. il est indéniable que réfléchir sur l'existence et la création d'allah est aussi un acte d'adoration très méritoire. or, abû zar excella aussi dans ce domaine de l'adoration. les histoirens et les rapporteurs de hadith sont unanimes pour remarquer qu'abû zar atteignit un très haut degré de savoir parce qu'il cherchait sincèrement à acquérir une large connaissance en compagnie du saint prophète. il s'attachait sans cesse à poser des questions au messager d'allah et à en apprendre la réponse par coeur. l'auteur de "kitâb al-darajât al-rafî`ah" dit qu'abû zar était reconnu comme étant au rang des grands érudits et ascètes. il était un des premiers compagnons du prophète et l'un de ceux qui respectèrent parfaitement leur pacte avec allah, c'est-à -dire, qui s'acquittèrent de leur engagement devant lui de se conformer scrupuleusement et loyalement aux préceptes de la religion. il était aussi l'un des quatre personnages dont l'amour était rendu obligatoire à tous musulmans. al-`allâmah manazir ihsân al-guîlânî, soulignant le savoir immense d'abû tharr, écrit: «lisez le testament de `ali, le meilleur juge parmi les compagnons, et la porte de la cité du savoir, et vous constaterez vous-mêmes qu'il avait raison de dire qu'abû zar était très gourmand et très cupide [en matière d'apprentissage]». n'est-ce pas cette même attestation de l'imam `ali qui justifie et corrobore ce que revendiquait parfois avec fierté, abû zar: «nous avons quitté le saint prophète à un moment où il n'y avait pas eu un seul oiseau volant avec des ailes battantes, dans le ciel, à propos duquel nous n'ayons pas appris quelque chose de particulier»(7). al-`allâmah al-guîlânî note à propos du savoir d'abû zar: «quelqu'un a demandé un jour à l'imam `ali ce qu'il pensait d'abû zar. À cette question il a répondu: «wa`â ilman `ajaza fîhi (c'est-à -dire: abû zar a acquis un savoir qui l'a vaincu)». on a pu constater combien il était disposé à écouter et recevoir les idées; d'ailleurs on pourra pressentir cette disposition à travers les différents éléments de sa biographie. il tenait toujours à appliquer tout de suite ce qu'il apprenait du saint prophète. dès qu'il entendait quelque chose du messager d'allah, il le mettait en pratique sans hésitation. son plus grand désir était que sa conduite soit totalement en conformité avec le savoir. abû zar était si résolu et si ferme sur ce point, qu'aucune force terrestre ne pouvait entamer sa détermination et sa fermeté en ce qui concerne l'application stricte de la loi divine. ni les menaces ni les exhortations ne pouvaient ébranler la position qu'il avait prise sur ce plan. se montrant fier parfois de cette position distinctive, il disait souvent: «o gens! le jour du jugement, je serai le plus proche de l'assemblée du saint prophète, car j'ai entendu ce dernier dire que le plus proche de lui le jour du jugement sera celui qui aura quitté ce monde dans la même condition que l'aura quitté le messager d'allah lui-même. or, je jure par allah qu'aucun parmi vous, à part moi, n'est dans sa situation originelle ni n'est contaminé par quelque chose de nouveau» ("tabaqât ibn sa`d" et "musnad ahmad ibn hanbal"). ces propos ne sont pas de simples prétentions, mais des vérités attestées par le dirigeant du monde et le dernier des prophètes. il est écrit dans tabaqât ibn sa`d qu'un jour, le saint prophète demanda à un groupe de compagnons: «qui parmi vous viendra me voir auprès de kawthar (une source au paradis) dans la même condition dans laquelle je l'aurai laissé?». abû zar répondit: «moi!». le prophète acquiesça: «tu as raison, c'est-à -dire tu mourras dans le même état de foi dans lequel je t'aurai laissé».
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