ABU ZHAR AL GHIFARIaprès l'avoir écouté, les membres de la délégation restèrent muets. peu après, ils prirent congé d'abû zar et retournèrent chez mu`âwiyeh. ils lui dirent qu'ils avaient transmis son message à abû zar. mu`âwiyeh leur demanda ce qu'ils avaient dit et ce qu'ils avaient reçu comme réponse. `ubâdah ibn samit fit un rapport complet sur tout ce qui s'était passé, avant de conclure: «je n'ai jamais été en compagnie de quelqu'un qui ait exprimé des reproches aussi vifs et avec autant de franchise»(51). pendant qu'abû zar continuait ses prêches, la saison du pèlerinage arriva. il sollicita de `othmân la permission de quitter la syrie pour accomplir le hajj et rester pendant quelques jours au mausolée du saint prophète. `othmân lui fit parvenir l'autorisation demandée, et abû zar partit pour le pèlerinage. après avoir accompli les rites de hajj, il alla à médine où il resta près du tombeau du saint prophète quelques jours avant de retourner en syrie (relaté par al-balâtharî). après son retour du hajj, abû zar reprit ses activités de prêche. alors qu'abû zar continuait à exhorter les riches à dépenser leurs richesses dans le chemin d'allah, d'innombrables pétitions rédigées par les nantis affluaient chez mu`âwiyeh, lui demandant de sceller la bouche d'abû zar. dans ces pétitions on se plaignait principalement du fait que les gens récitaient dans les rues le verset coranique avertissant les possédants d'être repassés avec leur or et argent chauffés, ce qui leur créait des difficultés lors de leur passage en syrie. mu`âwiyeh proclama alors l'interdiction générale d'être en compagnie d'abû zar et de le fréquenter(52). lorsqu'abû zar apprit sa mise au ban de la société, il commença lui-même à demander aux gens de ne pas venir le voir et de ne pas s'asseoir avec lui, voulant ainsi éviter aux gens la punition sévère prévue à cet effet par le gouvernement. mais pour pouvoir continuer à prêcher sans exposer son auditoire aux poursuites, il se dirigeait lui-même vers les endroits où des gens sont rassemblés et se mettait à prononcer ses discours. selon ibn khaldûn, lorsque, après la proclamation du boycottage d'abû zar, un groupe de gens vinrent le voir, il leur demanda lui-même de s'éloigner de lui(53). quel courage! quelle noblesse! et quel sens du devoir! alors qu'il ne tolérait pas que ceux qui lui rendaient visite encourent le risque d'être punis, il ne craignait pas qu'il fût puni lui-même, et continua à exprimer ses griefs avec pleine foi et beaucoup de ferveur. lorsqu'il s'agissait d'oeuvrer sur le chemin d'allah, il ne se souciait point de ce qu'il pouvait gagner ou perdre. un second exil en syrie abû zar était un homme véridique. il avait l'habitude de réprimander les gens avec intrépidité pour les conduire vers les actes légaux. mu`âwiyeh était un homme de ce monde. abû zar lui avait demandé si souvent de faire le bien et de s'abstenir des mauvais actes que les gens commencèrent à avoir honte des dirigeants de syrie. un jour, mu`âwiyeh dit à abû zar: «tu n'es pas assez vertueux pour m'enjoindre de faire la bonne action devant le public». abû zar lui rétorqua sèchement: «tais-toi! honte à toi!». en bref, lorsque mu`âwiyeh constata qu'il ne pouvait ni réformer son mode de vie ni boucler la bouche d'abû zar, il décida de le bannir de syrie. il prit la résolution de le déporter à jabal `Âmil (au liban). al-subaytî écrit que lorsqu'abû zar arriva dans cette région, il se mit à appeler ses habitants à ahl-ul-bayt. ils acceptèrent volontiers son appel. etant donné que ladite région était très étendue, son appel ne resta pas confiné dans les limites de jabal `Âmil, mais parvint aux régions avoisinantes.
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