ABU ZHAR AL GHIFARI



selon "rawdhat al-ahbâb", lorsque `abdul-rahmân ibn `awf prêta serment d'allégeance à `othmân et que les personnes présentes le suivirent, `ali dit peu après: «o gens! je vous demande de me dire, sous serment, s'il y a une seule personne, à part moi, parmi les compagnons du prophète, à qui celui-ci ait dit à l'occasion de la proclamation de la "fraternisation"et après l'avoir déclaré "son frère": «tu es mon frère aussi bien dans ce monde que dans l'au-delà!» l'assistance répondit: «non». `ali demanda encore: «y a-t-il quelqu'un d'entre vous, en dehors de moi, que le prophète ait désigné pour expliquer la sourate al-barâ'ah (chapitre 10 du saint coran) en déclarant que le devoir du messager d'allah ne peut être accompli que par lui-même (le prophète) ou par l'un de ses ahl-ul-bayt?». tout le monde répondit: «non». il poursuivit: «vous savez tous que le guide de l'humanité, et l'intercesseur du jour du jugement m'a désigné comme le commandant de tous les muhâjirîn et les ançâr dans la plupart des batailles auxquelles il n'a pas participé personnellement, et qu'il leur a ordonné de m'obéir, sans jamais nommer un commandant au-dessus de moi». les gens dirent: «oui, bien sûr, c'est vrai». `ali reprit: «vous savez que le saint prophète a fait valoir la prééminence de mon savoir en déclarant: «je suis la cité du savoir et `ali en est la porte». les gens répondirent: «oui, nous le savons». `ali poursuivit: «les compagnons se sont souvent enfuis dans le champ de bataille, laissant le prophète au milieu des ennemis, alors que je ne l'ai jamais abandonné dans n'importe quelle situation dangereuse, et que je suis resté toujours à ses côtés, prêt à sacrifier ma vie pour le protéger». tout le monde répondit: «oui, c'est vrai». `ali dit: «vous savez que j'ai été le premier à embrasser l'islam?». les gens répondirent: «oui, nous le savons». puis `ali demanda: «lequel de nous tous est le plus proche parent du prophète?». tout le monde reconnut à l'unanimité: «il n'y a pas de doute que ta proche parenté avec le saint prophète est établie et incontestable». mais `abdul-rahmân ibn `awf intervint et dit à l'adresse de `ali: «o `abul-hassan! personne ne peut nier tes vertus et tes qualités que tu viens de décrire et énumérer. mais maintenant que la plupart des gens ont prêté serment d'allégeance à `othmân, j'espère que tu feras comme eux». `ali répondit: «par allah! tu sais très bien qui mérite le califat. mais il est triste que tu l'aies abandonné délibérément».(40)

l'histoiren mohammad ibn `ali ibn al-a`tham al-kûfî écrit dans son livre (204 h.) que `ali ibn abî tâlib dit lors de la désignation de `othmân pour le califat: «o gens! vous savez que nous sommes les ahl-ul-bayt du prophète et le moyen de la protection de la ummah contre toute calamité et toute détresse. si vous ne nous remettez pas notre droit, il parviendra automatiquement à son axe, et si vous refusez de nous accorder ce qui nous revient légitimement, nous irons, sur les dos de nos chameaux, là où nous estimons bon d'aller, peu importe combien de temps cela prendra, et lorsque l'heure fixée de notre retour sonnera, nous reviendrons. je jure par la gloire d'allah que si mohammad n'avait pas ma parole sur ce sujet et s'il ne m'avait pas informé préalablement sur ce qui vient de se passer, je n'aurais jamais renoncé à mon droit ni n'aurais jamais permis à quiconque de m'en déposséder. j'aurais combattu avec un tel acharnement pour recouvrer mon droit, que je n'aurais pas hésité un instant à sacrifier ma vie pour atteindre mon but».

selon "ta'rîkh abdul-fidâ", on procéda à la prestation du serment d'allégeance à `othmân, le 3 muharram de l'an 24 h.

après son accession au califat, `othmân gouverna selon les principes de l'etat islamique pendant un certain temps. mais à la longue, il finit par dévier des principes de la justice islamique et emprunta une mauvaise voie, ce qui provoqua la révolte des compagnons du saint prophète.

l'histoiren de l'islam du 3e siècle de l'hégire, mohammad ibn `ali ibn al-a`tham al-kûfî, déjà cité, affirme que tout ce que les gens dirent à propos de `othmân, et tous les mots, les actes qu'ils tolérèrent de lui sont rapportés des sources authentiques selon des versions nuancées mais aboutissant aux mêmes conclusions. il a condensé ces différentes versions dans une seule synthèse ou conclusion selon laquelle tous les narrateurs s'accordent pour dire qu'après son accession au califat `othmân ne maintint les fonctionnaires nommés par `omar, que pendant quelques jours..il ne tarda pas à les destituer pour les remplacer par des omayyades qui étaient ses cousins et ses proches parents. ainsi, il nomma `abdullâh ibn `amer kurbuz gouverneur de basrah, al-walîd ibn atâbah ibn abî mu`t gouverneur de kûfa et il maintint mu`âwiyeh ibn abî sufiyân en syrie tout en élargissant considérablement le territoire sous sa juridiction. il nomma également `abdullâh ibn sa`d ibn abî sarân en egypte et `omar ibn al-`Âç en palestine. après la conquête de khurâsân, sijistân, pars, kermân, l'egypte, la syrie et les iles de l'irak, le trésor du calife s'enrichit de butins considérables. avant l'arrivée de toutes ces richesses, `othmân gouverna bien et avec le souci de justice. mais par la suite, lorsque le trésor public commença à déborder de nouvelles richesses, il changea ses habitudes et son administration, mit tout le territoire de l'etat islamique sous le contrôle des omayyades et plaça toutes les villes entre les mains de ses proches, à qui il distribua trop généreusement des sommes considérables tirées du trésor public. ainsi, il gratifia libéralement `abdullâ ibn khâlid ibn asad ibn al-`Âç ibn omayyah de la somme faramineuse de 100.000 dinars. il alloua la même somme à al-hakam ibn al-`Âç et une autre somme de 100.000 dinars à son fils hârith ibn al-hakam. les gens furent mécontents de ces attributions et s'en plaignirent auprès de `abdul-rahmân ibn `awaf en lui disant: «tu seras comptable des conséquences de ce gaspillage. nous subissons ces pertes à cause de toi. lorsque tu lui avais prêté serment d'allégeance et de loyauté, ce n'était pas pour qu'il s'adonne à ces pratiques injustes et à cette mauvaise action. maintenant, il nous faut voir quelles sont les mesures à prendre». `abdul-rahmân dit: «je ne suis pas au courant de ce que vous dites». le lendemain `ali rencontra `abdul-rahmân et lui demanda s'il approuvait ces agissements de `othmân. `abdul-rahmân répondit: «je ne sais pas. si ces choses-là sont vraies, et que la conduite de `othmân a pris ce tournant, dégaine ton épée et je ferai de même». les gens rapportèrent à `othmân ce que `abdul-rahmân avait dit à `ali. `othmân fut enragé de colère et dit: «`abdul-rahmân est un hypocrite, et entacher ses mains avec mon sang n'est pas une tâche difficile pour lui». `abdul-rahmân à son tour ayant appris ces propos du calife se fâcha et s'indigna: «je n'aurais jamais pu imaginer un instant que `othmân puisse me qualifier d'hypocrite». puis, il jura de ne plus lui adresser la parole jusqu'à la mort. depuis lors, les actes de népotisme de `othmân et les échanges de propos avec `abdul-rahmân parvinrent aux oreilles du public, lequel devint très critique vis-à-vis du calife.

`othmân pour sa part était parfaitement renseigné sur le mécontentement croissant des gens. aussi, ordonna-t-il un jour aux musulmans de se rassembler dans le masjid. lorsque tout le monde se rassembla, `othmân monta sur la chaire, remercia allah, récita les formules de bénédictions sur le prophète et fit ce discours:

«o gens! soyez reconnaissants envers allah pour ses bienfaits afin que les bénédictions et les richesses augmentent. souvenez-vous de lui tout le temps, évoquez son nom et respectez ses droits. vous êtes des musulmans et vous avez avec vous le livre d'allah dans lequel tout est marqué.

»allah vous a ordonné d'obéir au gouvernant. craignez donc allah. exécutez ses ordres. cessez vos contacts et vos liaisons avec l'opposition et les pécheurs.

»vous devez savoir que remplacer le messager d'allah et administrer les affaires du califat est une tâche très difficile. de plus, la question du califat dépasse votre compréhension. allah a conféré le gouvernement aux émirs afin qu'ils tranchent les litiges entre le faible et le fort et empêchent celui-ci d'opprimer celui-là.

»il y a beaucoup d'entre vous qui ont vécu à l'époque du saint prophète, ont entendu ses paroles saintes et ont été témoins de son mode de vie. en outre, vous avez le livre d'allah entre vos mains. vous devez avoir lu dans ce livre tous les commandements, toutes les prohibitions et tous les actes légaux et illégaux. allah vous y a fait sa remarque finale. il a promis d'augmenter ses bénédictions à ceux qui le remercieront pour ses bienfaits. il y a une récompense pour les vertueux et une punition pour les méchants. vous avez déjà entendu parler de la pompe, l'apparat, la gloire et le pouvoir des rois et des monarques, lesquels étaient plus forts que nous et avaient des armées bien plus grandes que la nôtre. ils avaient de grandes villes et vivaient dans le confort et le luxe. mais puisqu'ils ne se conformaient pas aux ordres d'allah, préférant le monde d'ici-bas à la vie future, ils devinrent la proie des disputes et des troubles et renoncèrent à présenter leurs remerciements à allah pour ses bénédictions. aussi allah les a-t-il conduits vers la décadence, vous a-t-il offert leurs villes, maisons, pâturages et vous a-t-il donné toutes les bénédictions dont ils avaient joui. ces bénédictions resteront avec vous si vous continuez à en remercier allah, autrement, elles diminueront si vous vous livrez aux péchés, à la désobéissance, et vous finirez à l'ultime stade par périr.



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